Reporters sans frontières est vivement préoccupée par le regain de tension entre les autorités iraniennes et les journalistes membres de la communauté azérie. Quatre d'entre eux sont détenus sans charge depuis plus de dix jours tandis que la journaliste-blogueuse azérie Shahnaz Gholami s'est vue condamnée à six mois de prison pour ses publications sur la Toile.
Quatre journalistes iraniens, issus de la minorité azérie, ont été libérés le 8 novembre 2008, après versement d'une caution de 50 millions de toumen (environ 45 000 euros). Alireza Sarafi, directeur du mensuel Dilmaj (suspendu depuis le 23 septembre 2007), Said Mohamadi, rédacteur en chef du magazine littéraire Yashagh, et les journalistes Hassain Rashedi et Akabar Azad, du magazine Varlighe et de l'hebdomadaire Yarpagh, restent toutefois sous le coup d'une procédure judiciaire pour "conspiration" et "atteinte à la sécurité nationale".
Ils avaient été interpellés, le 10 septembre 2008, alors qu'ils étaient réunis au domicile d'un activiste politique à Téhéran. Ils ont passé près de deux mois en isolement dans la section 209, l'aile la plus dure de la prison d'Evin (Téhéran). Selon leurs proches, les quatre journalistes ont subi des interrogatoires très difficiles durant leur détention. Des agents des services des renseignements auraient tenté de leur extraire des aveux allant dans le sens des chefs d'accusation.
"Ces éléments d'information confirment les conditions effroyables que vivent les journalistes emprisonnés à Evin. L'isoloir et les interrogatoires musclés, parfois les yeux bandés, font partie de l'arsenal du ministère des Renseignements, en charge de la section 209, pour intimider ces détenus et leur faire avouer des crimes qu'ils n'ont pas commis", a déclaré Reporters sans frontières.
Cinq professionnels des médias sont actuellement emprisonnés en Iran. Le pays occupe le 166e rang, sur 173, dans le classement mondial de la liberté de la presse, publié par l'organisation en octobre 2008.
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24.09.2008
De plus en plus de journalistes communautaires derrière les barreaux
Reporters sans frontières est vivement préoccupée par le regain de tension entre les autorités iraniennes et les journalistes membres de la communauté azérie. Quatre d'entre eux sont détenus sans charge depuis plus de dix jours, possiblement à la prison d'Evin (Téhéran), tandis qu'une journaliste-blogueuse azérie s'est vue condamnée, le 20 septembre 2008, à six mois de prison pour ses publications sur la Toile.
"Ces journalistes azéris viennent allonger la liste des professionnels des médias appartenant à des minorités ethniques incarcérés dans les prisons iraniennes pour avoir dénoncé les inégalités sociales et réclamé un traitement égalitaire au sein de la société. Comptabilité inquiétante : onze des douze journalistes actuellement détenus dans le pays sont issus des minorités kurde, azérie et arabe. Les autorités iraniennes doivent mettre un terme à cette répression tous azimuts qui freine le développement des médias communautaires", a déclaré l'organisation.
Le 17 septembre 2008, un juge d'instruction a décidé de prolonger le maintien en détention de quatre journalistes azéris sans fournir d'explications à leurs familles, ni les autoriser à avoir recours à un avocat. Alireza Sarafi, directeur du mensuel Dilmaj (suspendu depuis le 23 septembre 2007), Said Mohamadi, rédacteur en chef du magazine littéraire Yashagh, et les journalistes Hassain Rashedi et Akabar Azad, du magazine Varlighe et de l'hebdomadaire Yarpagh, l'un des journaux azéris les plus importants du pays, avaient été interpellés le 10 septembre dernier alors qu'ils étaient réunis au domicile d'un activiste politique à Téhéran. Au lendemain de la décision de prolonger leur maintien en détention, des agents des services de renseignements ont procédé à la perquisition des domiciles d'Alireza Sarafi et Hassain Rashedi. De nombreux documents de travail, dont des CD, ont été saisis avec le disque dur de leurs ordinateurs. Les quatre hommes pourraient avoir été placés dans la section 209 de la prison d'Evin, sous le contrôle du ministère des Renseignements.
Par ailleurs, Shahnaz Gholami, directrice du weblog Azar Zan, a été condamnée, le 20 septembre 2008, à six mois de prison, par la première chambre du tribunal de la révolution de Tabriz (Nord-Ouest), pour "publicité à l'encontre de la République islamique". Son avocat, Me Mohamad Ali Dadkhah, a décidé de faire appel de la décision. La journaliste reste libre dans l'attente de l'ouverture de son procès. Membre de l'Association des femmes journalistes (ARZ), Shahnaz Gholami s'est fait connaître pour son implication dans le mouvement de lutte pour les droits des femmes. En août 2007, elle avait été emprisonnée pendant trois semaines pour avoir dénoncé la répression policière qui s'était abattue contre des manifestants dans différents villes de la province azerbaïdjanaise. Dans les années quatre-vingt, Shahnaz Gholami avait passé cinq ans en détention pour son militantisme politique.