Liberté provisoire pour Moussa Tchangari

La liberté provisoire a été accordée à Moussa Tchangari et aux quatre autres responsables de la Coalition contre la vie chère, écroués le 29 mars 2005. Le juge a procédé à la levée du mandat de dépôt le 7 avril. Pour autant cette décision ne signifie pas l'arrêt des poursuites et l'enquête continue. ________________________________________ 7.03.05 - Liberté provisoire pour Moussa Tchangari Reporters sans frontières salue la décision de la justice nigérienne qui a reconnu, dans un jugement en référé du 5 avril 2005, l'illégalité de la fermeture de Radio Alternative FM, ordonnant sa réouverture le 6 avril à 11 heures 30. « Cette bonne nouvelle n'est malheureusement pas suffisante pour apaiser les esprits comme l'a publiquement souhaité le président Mamadou Tandja dans une récente déclaration, a déclaré Reporters sans frontières. Il est crucial que les charges retenues contre Moussa Tchangari et quatre responsables de la Coalition contre la vie chère soient abandonnées. Nous appelons le Premier ministre, Hama Amadou, qui a fait preuve d'une volonté de dialogue, à tout mettre en œuvre pour en finir avec ces procédures exceptionnelles ». Détenus dans deux prisons de Niamey, les cinq représentants de la Coalition ont vu leurs conditions de détention aggravées, après que leur avocat, Me Souleye, avait rejeté la demande de liberté provisoire offerte par le gouvernement, estimant que seul l'abandon des charges serait approprié. Moussa Tchangari est actuellement détenu dans une cellule de haute sécurité. ____________________________________________ 31.03.05 - Un journaliste arrêté et sa radio fermée : Reporters sans frontières demande des explications Reporters sans frontières exige des explications après l'arrestation et l'incarcération de Moussa Tchangari, directeur de l'hebdomadaire Alternative et de la radio privée Alternative FM, également dirigeant de la Coordination démocratique de la société civile du Niger (CDSCN), une association indépendante de réflexion et d'action politique. « Si ce journaliste a été arrêté pour ses déclarations lors d'une interview, les motifs de son inculpation sont totalement injustifiés. Si Moussa Tchangari a été interpellé pour une autre raison, étant donné le contexte d'extrême tension qui prévaut au Niger, il est important que le gouvernement le dise clairement. Quoi qu'il en soit, la fermeture d'une radio par des policiers, en dehors des procédures prévues par le Conseil supérieur de la communication (CSC), est intolérable. Nous appelons le président nigérien, Mamadou Tandja, à ne pas céder à la panique et, pour apaiser les esprits, à faire preuve de la plus grande transparence», a déclaré Reporters sans frontières. Moussa Tchangari a été arrêté le 26 mars et placé en détention le 29, alors que les manifestations contre la vie chère ont pris une grande ampleur depuis le 15. Entre le 25 et le 27 mars, quatre autres membres de la Coalition contre la vie chère au Niger (collectif dont fait partie la CDSCN) - Nouhou Arzika, président de la Coalition ; Morou Amadou, président de Croisade, une association de défense des droits de l'homme ; Moustapha Kadi, président de SOS Kandadji, une association de défense des consommateurs et Kassoum Issa, membre de la CDSCN - ont été arrêtés dans les mêmes conditions que le journaliste. Le 29 mars aux environs de 5 heures du matin, la police judiciaire, sur ordre du procureur de la République de Niamey, a également fermé les locaux de la station Alternative FM, sans justifications et jusqu'à nouvel ordre. Les cinq membres de la coalition ont été présentés à un juge d'instruction du tribunal de Niamey, le 29 mars. Après avoir été accusés de « complot contre la sûreté de l'Etat, de provocation d'attroupements non armés » et de « constitution d'une organisation non déclarée », ils ont été écroués dans deux prisons civiles de Niamey. La veille de cette vague d'arrestations, la coalition avait décidé d'appeler à une grève générale, à compter du 5 avril. Le même jour, la CDSCN avait, de son côté, appelé à une marche pacifique suivie d'un meeting, le 31 mars, pour demander l'abrogation de la loi de Finances 2005 votée début janvier, instituant une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19 %. Selon la coalition, cette loi a engendré une flambée des prix, notamment sur les produits de première nécessité. Le jour de son arrestation, Moussa Tchangari avait donné une interview à Radio France Internationale (RFI) au sujet de cette mobilisation citoyenne. Reporters sans frontières a écouté cet enregistrement et affirme qu'en aucun cas, Moussa Tchangari n'a incité à l'émeute ou à la révolte. Contacté par Reporters sans frontières, maître Souleye, l'avocat de Moussa Tchangari, a précisé que son client était accusé d' « atteinte à la sûreté de l'Etat » pour avoir « appelé à des prières collectives pour que Dieu bénisse le Niger et qu'il protège ses ennemis et adversaires ». Me Souleye affirme que Moussa Tchangari n'a jamais tenu de tels propos et que les chefs d'inculpation retenus contre lui ne justifient en rien son inculpation. Moussa Tchangari, journaliste critique connu pour ses prises de position à l'encontre du gouvernement, avait déjà été arrêté à plusieurs reprises pour avoir exercé son métier, entre 1997 et 2003.
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Updated on 20.01.2016