Liberté de la presse en Turquie : l’UE va-t-elle se laisser humilier ?

A la veille d’un nouveau sommet UE/Turquie consacré à la crise des migrants, le 7 mars 2016, Reporters sans frontières (RSF) exhorte Bruxelles à faire preuve de toute la fermeté requise face aux attaques contre la liberté de la presse en Turquie.

“L'Union européenne ne doit pas se contenter de rappeler les principes de la 'liberté des médias', déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Elle doit entrer dans un rapport de forces avec les autorités turques. Il ne saurait être question de relancer les négociations d’adhésion tant qu'Ankara piétine ostensiblement une des valeurs fondamentales de l’Union. Si Bruxelles continuait à céder au chantage sur les migrants, elles donnerait l’impression d’abandonner de facto les principes qui la fondent.” “Jusqu'à présent, l'Union européenne a fait preuve d’une faiblesse coupable face aux attaques de Recep Tayyip Erdogan contre les médias. Mais le ‘business as usual’ serait incompréhensible quand le principal groupe de presse d’opposition est brutalement repris en main en présence de Donald Tusk à Ankara. L’Union européenne est-elle décidée à se laisser humilier ?” Placé sous tutelle judiciaire, le groupe de presse Zaman a été pris d’assaut par la police dans la nuit du 4 au 5 mars. Les forces de l’ordre ont quadrillé les locaux et s’en sont violemment pris aux centaines de manifestants présents. La direction de Zaman a été congédiée et la ligne éditoriale du quotidien a radicalement changé, devenant progouvernementale jusqu'à la caricature. La Turquie pointe à la 149e place sur 180 dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
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Updated on 08.03.2016