Liberia : RSF exhorte les autorités à réagir face aux menaces contre les journalistes

Une dizaine d’actes d’intimidation et de menaces de mort ont été enregistrés depuis le mois d’octobre au Liberia. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de prendre des mesures et d’ouvrir des enquêtes sur ces atteintes à la liberté de la presse.



Le dernier cas en date concerne le journaliste Obediah Johnson, qui travaille pour Front Page Africa, le premier quotidien d’investigation du pays. Alors qu’il enquêtait le 7 décembre dernier à Brewerville, un quartier de Monrovia, la capitale, sur le transport d’électeurs d’une région à l’autre organisé par certains candidats aux élections sénatoriales de mi-mandat du 8 décembre pour augmenter leurs chances de victoire, il a été pourchassé par un groupe d’individus faisant partie des milliers de personnes s’apprêtant à embarquer dans des bus. Remarquant lors d’un direct sur Facebook qu’ils étaient filmés, ceux-ci ont tenté d’attaquer le journaliste, l’obligeant à interrompre son direct. 

Au cours des deux derniers mois, au moins 9 journalistes ont reçu des menaces de mort. Parmi eux, l'animateur de talk-show T-Max Jlateh, dans le collimateur de personnes proches du pouvoir. T-Max Jlateh est l'hôte de la célèbre émission 50-50 sur Sky FM, dont il est le directeur. L’émission, qui met en exergue les maux de la société libérienne, déplaît aux militants du parti au pouvoir.


Certains sont contraints de prendre ces menaces et ces risques d’agression très au sérieux : l'agence de presse Parrot a annoncé, le 21 octobre, que son rédacteur en chef adjoint, Julius Jaesan, a fui le Liberia vers une destination inconnue parce qu’il craignait pour sa vie. L’agence explique avoir pris cette décision parce que Jaesen “était en grand danger, avec des preuves flagrantes” qu’un gang de tueurs avait été lancé à sa poursuite. Cette menace fuit suite à la publication d’un article sur les circonstances de la mort d’un agent qui faisait l’audit d’une entreprise publique.


En tout, RSF a recensé trois agressions et six actes d’intimidation et de menaces de mort contre des journalistes depuis le début du mois d’octobre. 


“Agressions, actes d’intimidation, menaces de mort : les atteintes à la liberté de la presse se multiplient dans l’indifférence générale depuis l’arrivée au pouvoir de George Weah en 2018, déclare le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne. Si la décriminalisation des délits de presse a constitué une avancée majeure, il n’est plus acceptable que les journalistes continuent à être attaqués verbalement ou physiquement de la sorte. Nous exhortons les autorités libériennes à veiller à leur sécurité et à ouvrir des enquêtes sérieuses pour sanctionner les auteurs de ces actes.” 


Le Liberia occupe la 95e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF, après un recul de deux places.

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Mise à jour le 16.12.2020