Liban : une quinzaine de journalistes blessés pendant les manifestations
Une quinzaine de journalistes qui couvraient le mouvement de colère des Libanais à la suite de l’explosion de Beyrouth ont été blessés par les forces de l’ordre. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des agressions de plus en plus fréquentes contre les journalistes et une inquiétante dérive des forces de l’ordre.
Au moins 14 journalistes ont été blessés samedi 8 août par les forces de l’ordre à Beyrouth, rapporte la fondation Samir Kassir, alors que la capitale libanaise est le théâtre de manifestations antigouvernementales qui ont éclaté à la suite de l’explosion d’un entrepôt situé au port.
Parmi les blessés, le reporter de la chaîne LBC Edmond Sassine a été visé à la tête par un jet de pierre, alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants sur la place Riad Al-Solh, tout comme le journaliste de MTV Fadi Skaff, touché également à la tête alors qu’il se trouvait près du Parlement.
Le même jour, le journaliste indépendant Makram Halabi a été transporté à l’hôpital après avoir reçu des tirs de balles en caoutchouc à la jambe, tandis que le correspondant du quotidien Annahar Alexandre Khachachou a été violemment battu par des membres du mouvement Amal qui lui ont également confisqué son matériel.
De son côté, la photojournaliste Rita Kabalan a capturé le moment où un militaire s’est délibérément dirigée vers elle et l’a frappée avec son arme, alors qu’elle courait au milieu de la manifestation, caméra à la main.
“Les attaques contre les journalistes se multiplient au Liban, s’inquiète Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Les forces de l’ordre font preuve d’une inquiétante dérive en ciblant les reporters qui réalisent des reportages au milieu de manifestants. Il est urgent que ce genre d’attaques, de plus en plus fréquente, cesse immédiatement.”
Outre les blessures qui ont nécessité une prise en charge à l’hôpital, le travail des journalistes a été rendu particulièrement difficile du fait des tirs de gaz lacrymogènes.
Depuis le début des manifestations en octobre au Liban, de nombreux journalistes ont été victimes d’attaques de la part des forces de l’ordre et des manifestants eux-mêmes. En 2020, le pays occupe ainsi la 102e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, perdant une place par rapport à l’année précédente.