Libération sous caution de Fayez Al-Ajrashi après cinq jours de détention préventive

Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites engagées devant la Cour de sûreté de l'Etat contre Fayez Al-Ajrashi. Le 2 novembre 2008, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé El-Ekhbariya a quitté la prison d'Al-Juweida (15 km au sud d'Amman), après avoir versé une caution de 3000 dinars (environ 3300 euros), mais reste inculpé d'"exacerbation des tensions religieuses et raciales", "incitation à la discorde nationale" et "diffamation". "Nous accueillons avec soulagement la libération de Fayez Al-Ajrashi, mais ce journaliste n'en reste pas moins menacé par un procès qui prend des allures de règlement de comptes. Porter une affaire de diffamation devant la Cour de sûreté de l'Etat, une juridiction logiquement chargée de juger des affaires de haute trahison ou de terrorisme, est un abus de pouvoir et un déni de justice", a déclaré l'organisation. Fayez Al-Ajrashi avait été interpellé le 28 octobre dernier et inculpé par le procureur général auprès de la Cour de sûreté de l'Etat en vertu de l'article 150 du code pénal. Il risque jusqu'à trois ans de prison. Il devra également répondre devant le tribunal de première instance d'Amman d'une plainte pour "diffamation" déposée par le gouverneur de la capitale. L'acte d'accusation a été lu lors de la première audience du procès, qui s'est tenue le 3 novembre 2008. Contacté par Reporters sans frontières, Fayez Al-Ajrashi a indiqué que les deux plaintes étaient liées à une série d'articles, publiés au cours des trois derniers mois, dans lesquels il avait critiqué le bilan du gouverneur Saad Wadi Al-Mounassir et révélé des actes de corruption au sein de sa circonscription. Dans une affaire similaire, un ancien député jordanien a été condamné, en octobre 2007, à une peine de deux ans de prison pour “atteinte au prestige et à la réputation de l'Etat”, après avoir dénoncé, sur son site Internet, la corruption qui sévit dans différentes sphères du pouvoir. Ahmad Oweidi Abbadi avait été jugé par la Cour de sûreté de l'Etat ------------------- 31.10.2008 Un journaliste inculpé par un tribunal militaire : "un grave précédent", selon Reporters sans frontières Fayez Al-Ajrashi, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé El-Ekhbariya, a été arrêté, le 28 octobre 2008, sur ordre du procureur général auprès de la Cour de sûreté de l'Etat suite à une plainte déposée par le gouverneur d'Amman. Le journaliste est poursuivi, en vertu de l'article 150 du code pénal, pour "exacerbation des tensions religieuses et raciales" et "incitation à la discorde nationale". "Les poursuites judiciaires d'une grande gravité engagées contre ce journaliste et son maintien en détention préventive sont incompréhensibles. Nous sommes particulièrement préoccupés par le recours du plaignant au code pénal, alors qu'il s'agit d'une affaire de diffamation relevant du Code des publications - un texte qui prévoit encore des peines de prison pour les délits de presse, mais qui ne permet pas le placement d'un journaliste en détention préventive. Il est évident que le recours à l'article 150 du code pénal a été choisi pour punir de manière immédiate le journaliste impertinent", a déclaré Reporters sans frontières. "La liberté de la presse en Jordanie est en construction. Il est impératif que les autorités se penchent sur une réforme législative, en vue d'une dépénalisation des délits de presse, ainsi que sur la libéralisation de l'audiovisuel pour assurer un paysage médiatique pluriel. Tant que ces projets ne seront pas d'actualité, les promesses démocratiques du roi Abdallah II resteront des paroles vaines", a ajouté l'organisation. Le gouverneur d'Amman, Saad Wadi Al-Mounassir, a déposé plainte contre le rédacteur en chef d'El-Ekhbariya suite à la publication, plusieurs semaines auparavant, d'une brève sarcastique sur une visite privée de l'officiel jordanien en Israël. Le gouverneur d'Amman y était comparé à une cargaison de viande avariée. Poursuivi en vertu de l'article 150 du code pénal, Fayez Al-Ajrashi risque jusqu'à trois ans de prison. Il a été incarcéré au pénitencier d'Al-Juweida (15 km au sud d'Amman). La Jordanie occupe la 128e place, sur 173, dans le classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières le 22 octobre 2008.
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Updated on 20.01.2016