Libération du journaliste Fahd Al-Rimawi

Le rédacteur en chef du journal Al-Majd, Fahd Al-Rimawi, incarcéré le 10 mai 2004 sous l'accusation d'avoir porté atteinte aux relations avec l'Arabie saoudite, a été libéré tard le 11 mai, après environ trente-six heures de détention. Le procureur de l'Etat, Mohannad Hijazi, a également levé l'ordre de suspension du journal, à la suite d'une intervention du Premier ministre Fayçal al-Fayez, a précisé le président de l'Ordre des journalistes, Tarek Moumeni, qui a conduit la médiation. Le journaliste a toutefois accepté de publier dans la prochaine édition de son hebdomadaire un article qui "rend clairement hommage aux relations" entre la Jordanie et l'Arabie saoudite et "corrige les effets négatifs de l'éditorial". -------------------------------------------------------------------------------------------- 11.05.04 - Reporters sans frontières demande la libération du rédacteur en chef Fahd Al-Rimawi Reporters sans frontières condamne la décision de la justice jordanienne de maintenir en détention pendant quinze jours Fahd Al-Rimawi, rédacteur en chef du bimensuel Al-Majd, accusé d'avoir enfreint l'article 118 du code pénal en portant "atteinte aux relations avec un pays frère". L'organisation demande sa libération immédiate. "Cette arrestation constitue une atteinte grave à la liberté de la presse", a déclaré l'organisation. "Trois journalistes jordaniens ont été incarcérés par la Cour de sûreté de l'Etat en 2003. Cette année, la justice récidive, bafouant le principe de la liberté d'expression. Cette attitude vise bien sûr à intimider l'ensemble de la profession afin que la presse jordanienne, qui s'autocensure largement, ne transgresse pas les lignes rouges fixées par le pouvoir." Le procureur de l'Etat Mohannad Hijazi a décidé, le 10 mai 2004, de faire incarcérer Fahd Al-Rimawi à la prison d'Al-Jouedia (dans le sud du royaume) avant qu'il soit traduit devant la Cour de sûreté de l'Etat pour "atteinte aux relations avec un pays frère". Le journaliste encourt une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison. L'agence officielle Pétra a par ailleurs indiqué que le procureur a ordonné la suspension d'Al-Majd, prenant effet à partir du 10 mai. D'après le quotidien Al-Arab Al-Yom, Fahd Al-Rimawi avait été interpellé plusieurs heures, le 9 mai, à son retour d'un voyage aux Etats-Unis par la police de l'aéroport Queen Alia Airport. Il avait été convoqué par le procureur de l'Etat Mohannad Hijazi dès le lendemain matin et incarcéré aussitôt. Dans un éditorial intitulé "La lâcheté comme politique" paru le 3 mai dans Al-Majd, Fahd Al-Rimawi accusait les autorités saoudiennes de se comporter comme "des laquais des Etats-Unis". Le porte-parole du gouvernement, Mme Asma Khodor, a estimé dans une déclaration à la presse que l'article incriminé "nuit aux relations avec un pays frère", soulignant que le journaliste est "tenu dans l'exercice de sa profession de respecter une certaine déontologie et de tenir compte de l'intérêt national". Selon un sondage publié dans la presse jordanienne à l'occasion de la 14e Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai 2004, la majorité des journalistes jordaniens affirment que la liberté de la presse est entravée dans leur pays. Le Centre de défense de la liberté de la presse jordanien a réalisé ce sondage auprès de 80 journalistes choisis au hasard, représentant 15 % de la profession et travaillant dans des quotidiens, des hebdomadaires ou pour l'agence officielle Pétra. Selon ce même sondage, 65,3 % des personnes interrogées "doutent de l'indépendance" de la presse en Jordanie et considèrent que le gouvernement intervient dans le traitement de l'information.
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Updated on 20.01.2016