La Commission des médias et de l'information a menacé,
le 3 mai, le journal de fermeture, officiellement pour non-respect de la loi sur l'information. Reporters sans frontières dénonce une décision arbitraire prise sur la base d'un texte liberticide.
La Commission des médias et de l'information (MIC), par le biais de son président Tafataona Mahoso, a menacé lundi 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse, l'hebdomadaire indépendant The Tribune de fermeture pour non-respect de la procédure d'autorisation et d'accréditation des médias, prévue par la loi sur l'information, promulguée en mars 2002. Reporters sans frontières dénonce une décision arbitraire fondée sur un texte juridique portant clairement atteinte à la liberté d'information et motivée par des raisons totalement extérieures à l'activité de ce journal.
Officiellement, la MIC reproche à The Tribune de ne pas avoir fait état de modifications concernant son nom commercial, sa forme et la fréquence de sa publication, ainsi que du changement possible de son actionnariat. En conséquence, la commission a donné sept jours à l'hebdomadaire pour s'expliquer avant que la licence d'exploitation qui lui a été accordée l'année dernière ne soit suspendue ou annulée.
Mais le gouvernement de Robert Mugabe vise avant tout l'un des principaux actionnaires, Kindness Paradza, député du parti au pouvoir, le Zanu-PF, dont il a été exclu la semaine dernière. Paradza avait critiqué en mars dernier devant le Parlement la loi sur l'information, l'accusant de restreindre la liberté de la presse en instaurant l'obligation pour tous les médias et journalistes du pays d'obtenir une accréditation de la MIC. Cette disposition a permis au gouvernement zimbabwéen de faire fermer The Daily News, quotidien très critique à l'égard du régime en place, et d'interdire de résidence tous les correspondants étrangers.
Par ailleurs, Kindness Paradza est accusé par les médias d'Etat de collusion avec les "ennemis" du pouvoir pour avoir essayé de trouver des fonds auprès des propriétaires du Daily News et de financiers britanniques.
Le Zimbabwe est l'Etat le plus répressif d'Afrique australe en matière de liberté de la presse. Récemment encore, le ministre de l'Information Jonathan Moyo mettait en garde les journalistes en leur affirmant que le pays comptait assez de place dans ses prisons pour ceux qui "mentent" à travers la presse étrangère.