Reporters sans frontières proteste contre la censure de l'hebdomadaire français Courrier International au Liban. Une page entière a été déchirée dans tous les exemplaires distribués dans le pays. "Nous pensions que ces pratiques archaïques étaient révolues et que la censure avait disparu au Liban. Visiblement nous nous sommes trompés", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières proteste contre la censure de l'hebdomadaire français Courrier International au Liban (édition du 24 au 28 juin 2006). La page contenant un article intitulé "Iran : la troublante beauté du Prophète", a été déchirée dans les 280 exemplaires distribués dans le pays, le 26 juin 2006, dès l'arrivée de l'hebdomadaire dans le pays.
"Nous pensions que ces pratiques archaïques étaient révolues et que la censure avait disparu au Liban. Visiblement nous nous sommes trompés. Nous espérons maintenant que les autorités libanaises vont trouver une issue honorable à cette affaire. S'excuser auprès de Courrier international serait un signe positif, par exemple", a déclaré Reporters sans frontières.
L'article censuré expliquait que, contrairement à l'islam sunnite, le chiisme iranien acceptait la représentation des prophètes. Le texte était accompagné de la photo d'un jeune homme - prise par un Tunisien en 1905 - et de sa réplique iranienne, présentée comme le portrait de Mahomet.
La société responsable de la distribution de l'hebdomadaire au Liban a pris l'initiative, en accord avec le ministère de l'Intérieur, de déchirer la page relative à l'article incriminé afin d'éviter la censure de l'intégralité de cette édition de Courrier international.
Plusieurs journalistes libanais ont critiqué cette décision. Le ministère de l'Intérieur. a expliqué dans un communiqué du 28 juin "que les pages ont été déchirées par nécessité; l'article incriminé heurte la dignité de la religion musulmane et nourrit les tensions sectaires entre les musulmans ".
Contacté par Reporters sans frontières, Ziyad Makhoul, journaliste au quotidien francophone L'Orient-Le Jour et auteur d'un billet critiquant la décision du ministère de l'Intérieur, a affirmé que pour que le "pays puisse évoluer, il est essentiel de changer les pratiques du passé".
Une violente manifestation avait eu lieu à Beyrouth en février 2006, en réaction à la publication des caricatures de Mahomet dans le journal Danois Jyllands Posten.