Reporters sans frontières demande aux autorités tunisiennes de mettre un terme au harcèlement subi par la rédaction de l'hebdomadaire d'opposition Al-Maoukif, organe du Parti démocratique progressiste (PDP). Les saisies des dernières éditions du journal ainsi qu'un procès en diffamation intenté contre lui pourraient avoir de lourdes conséquences sur sa survie.
Reporters sans frontières demande aux autorités tunisiennes de mettre un terme au harcèlement subi par la rédaction de l'hebdomadaire d'opposition Al-Maoukif, organe du Parti démocratique progressiste (PDP). Les saisies des dernières éditions du journal ainsi qu'un procès en diffamation intenté contre lui pourraient avoir de lourdes conséquences sur sa survie. L'organisation a demandé au président français Nicolas Sarkozy, qui doit se rendre prochainement en Tunisie, de promouvoir la liberté d'expression auprès de ses interlocuteurs.
“Le régime tunisien s'abrite derrière de faux-semblants d'ouverture politique pour se prémunir d'accusations de censure. L'hebdomadaire Al-Maoukif en sait quelque chose. Publié par l'un des rares partis d'opposition autorisés dans le pays, la distribution de ce journal se déroule dans des conditions parfois très chaotiques. A tout moment, le journal peut être saisi par les forces de l'ordre, sans préavis ni justification”, a déclaré Reporters sans frontières.
Depuis le 14 mars 2008, quatre numéros de l'hebdomadaire Al-Maoukif ont été subrepticement saisis par les autorités tunisiennes, sans notification aux responsables du journal. En protestation, les membres de la rédaction et des militants du PDP ont décidé de distribuer eux-mêmes la dernière édition dans les rues de la capitale tunisienne. Le 17 avril 2008, la militante Naima Hasni a été bousculée par des policiers en civil sur l'avenue Habib Bourguiba alors qu'elle vendait le journal aux passants.
Contacté par Reporters sans frontières, Rachid Khechana, rédacteur en chef du journal, a revendiqué le droit de son journal à exister. “Nous ne demandons même plus à l'Etat de nous octroyer les aides financières que reçoivent l'ensemble des journaux tunisiens. Nous vivons des ventes de notre journal et nous ne demandons que notre droit à le diffuser sans entraves”, a-t-il déclaré.
Selon les responsables du journal, les saisies seraient liées à la publication d'articles sur des problèmes de société sensibles, tels que la hausse du prix des produits de première nécessité ou encore la distribution d'une huile frelatée. De plus, Rachid Khechana ainsi que Nejib Chebbi, directeur de publication de l'hebdomadaire, sont poursuivis en justice pour “diffamation” par cinq sociétés de commercialisation de marques d'huile. Au total, les plaignants ont requis des dommages et intérêts s'élevant à 500 000 dinars tunisiens (l'équivalent de
274 000 euros). Selon le rédacteur en chef d'Al-Maoukif, une telle condamnation signerait la mort du journal. Rachid Khechana et Nejib Chebbi devront se présenter devant le tribunal le 10 mai prochain.
Dans son courrier au chef de l'Etat français, Reporters sans frontières a également demandé à Nicolas Sarkozy d'évoquer les problèmes de liberté de la presse en Egypte avec le président Hosni Moubarak qui est attendu au palais de l'Elysée le 20 avril. Le président français devrait ensuite se rendre en Tunisie du 28 au 30 avril.