Lettre ouverte au Président de la République d'Azerbaïdjan

Paris, le 4 décembre 2006 Monsieur le Président, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite vous exprimer sa plus vive inquiétude concernant la récente dégradation de la liberté de la presse dans votre pays. Vous avez récemment déclaré dans un entretien à la télévision d'Etat que « personne ne doit douter de la liberté de l'expression et de la presse en Azerbaïdjan ». Malheureusement, la vague de répressions à l'encontre des journalistes et médias indépendants, débutée en octobre 2006 et qui a connu un tournant dramatique depuis le 24 novembre dernier, nous contraint à douter de vos propos. Depuis le mois d'octobre, le journal Azadlig a été continuellement menacé d'expulsion de ses locaux. Cette menace a été exécutée le 24 novembre dernier sur décision du tribunal économique de Bakou. Azadlig, l'agence de presse Turan et le journal Bizim Yol ont donc été expulsés et transférés vers de nouveaux locaux attribués par l'Etat. A leur arrivée, ces locaux étaient déjà occupés. L'activité de ces médias est fortement perturbée, ce d'autant plus qu'une partie du matériel et des archives ont été endommagées ou perdues pendant le déménagement. Le 24 novembre également, le Conseil national de la télévision et de la radio a rendu publique sa décision de retirer sa licence à la première chaîne indépendante ANS, qui a cessé d'émettre dans l'après-midi. La BBC, RFE/RL et Voice of America utilisaient les canaux d'ANS pour leur diffusion en Azerbaïdjan et cette décision entraîne de fait leur disparition. Ces mesures répressives visent systématiquement les médias indépendants, d'opposition ou étrangers. Elles témoignent d'un durcissement de la position des autorités azéries sur la question de la liberté d'expression et de la presse, malgré les appels d'organisations de défense de la liberté de la presse, de représentants de l'Union européenne, de l'OSCE et des Etats-Unis. Nous vous demandons, Monsieur le Président, d'intervenir afin que la liberté d'informer et d‘être informé soit respectée en Azerbaïdjan. Nous tenons également à vous signifier notre détermination à suivre l'évolution de la situation de près et à aider les médias indépendants. Nous sommes particulièrement sensibles au fait que ces restrictions pourront affecter le scrutin présidentiel prévu pour 2008. Confiant dans l'intérêt que vous témoignerez à notre demande, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération. Robert Ménard Secrétaire général
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Updated on 20.01.2016