Lettre ouverte au nouveau Premier ministre, Mme Ioulia Timochenko

lire en russe Madame le Premier ministre, Reporters sans frontières tient à vous exprimer ses plus vives félicitations pour votre récente nomination. Notre organisation reste toutefois très préoccupée par les violations de la liberté de la presse qui se sont multipliées au cours de l'année 2004 dans votre pays. Treize journalistes ont été agressés et quatre interpellés, en raison de leurs activités professionnelles. Reporters sans frontières vous demande aujourd'hui de renforcer les acquis obtenus par les journalistes pendant la « révolution orange ». A cet égard, notre organisation vous renvoie aux engagements du président Viktor Iouchtchenko qui souhaite un rapprochement de votre pays avec l'Union européenne. Il a notamment affirmé, le 29 décembre 2004, sur Kanal 5 « vouloir signer rapidement une convention bilatérale avec les journalistes qui garantirait la non-ingérence gouvernementale dans les choix éditoriaux des journaux ». Il a ajouté : « Selon moi, la liberté de la presse est fondamentale dans le développement du pays. Si l'Ukraine n'a pas de journalisme impartial, elle n'aura pas sa place dans le concert des nations démocratiques. » Par ailleurs, nous souhaitons que vous démontriez rapidement votre volonté de faire enfin toute la lumière sur l'enlèvement et l'assassinat du journaliste Géorgiy Gongadze, le 16 septembre 2000. Viktor Iouchtchenko avait d'ailleurs déclaré à la suite de son empoisonnement :« J'espère que nous trouverons le meurtrier de ce journaliste, même si nous connaissons déjà la réponse : ce sont les autorités. » Reporters sans frontières met en doute le sérieux de l'enquête menée sur cette affaire. L'instruction semble, en effet, avoir été conduite avec le souci premier de protéger l'exécutif des graves accusations dont il était l'objet. La prise de fonctions de Sviatoslav Piskoun au poste de nouveau procureur général d'Ukraine, le 9 décembre 2004, ne doit pas être un simple effet d'annonce. Nous attendons que soit ouverte rapidement une nouvelle enquête, afin d'établir enfin les responsabilités, jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, dans la disparition et le meurtre de ce journaliste. Confiant dans l'intérêt que vous porterez à nos attentes, je vous prie d'agréer, Madame le Premier Ministre, l'expression de ma très haute considération. Robert Ménard Secrétaire général