Lettre ouverte à Morgan Tsvangirai : Reporters sans frontières fait trois recommandations

Monsieur le Premier Ministre, A l'occasion de votre investiture en tant que Premier ministre du nouveau gouvernement d'union nationale, le 13 février 2009, Reporters sans frontières tient à vous exprimer ses félicitations. Comme vous le savez, notre organisation est très préoccupée par les nombreuses violations des droits de l'homme et les atteintes à la liberté de la presse qui se sont multipliées au Zimbabwe au cours de ces dernières années. Par conséquent, Reporters sans frontières vous incite à faire preuve, en tant que Premier ministre, d'une volonté politique authentique pour rétablir l'Etat de droit. Aussi, il nous semble urgent que le gouvernement zimbabwéen en formation prenne les trois mesures suivantes : Avant tout, nous vous demandons d'œuvrer efficacement pour permettre la libération de tous les prisonniers politiques, et notamment de la journaliste et militante des droits de l'homme, Jestina Mukoko, ainsi que du photojournaliste Shadreck Manyere. Votre gouvernement doit garantir que plus aucun professionnel de l'information ne sera incarcéré à l'avenir pour avoir exercé son métier. Ensuite, nous vous prions de procéder à des réformes profondes pour garantir la liberté de la presse et pour engager votre pays vers la voie de la démocratisation. Il nous paraît essentiel que votre gouvernement abolisse la loi sur la presse, dite Access to Information and Protection of Privacy Act (AIPPA), adoptée en 2002. La loi baptisée “Interception of Communications Bill”, adoptée le 3 août 2007, devrait également être abrogée pour garantir les libertés civiles et politiques des Zimbabwéens. Cette loi autorise le gouvernement et la police à intercepter les communications téléphoniques et les correspondances par e-mail ou télécopie, sans l'obligation d'engager une procédure judiciaire. Enfin, nous vous prions de tout mettre en oeuvre pour permettre la reparution du quotidien indépendant Daily News, qui fut la principale voix indépendante du pays. Malgré plusieurs décisions judiciaires en sa faveur, les autorités précédentes ont toujours réussi à l'empêcher de reparaître. Autoriser la renaissance de ce quotidien dans les kiosques serait un symbole fort en faveur de la promotion de la pluralité et de l'indépendance des médias. Reporters sans frontières se tient à la disposition de la primature pour lui apporter son expertise et lui permettre d'atteindre ces objectifs. En vous remerciant de l'attention que vous voudrez bien porter à notre requête, je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma très haute considération. Jean-François Julliard, Secrétaire général