Au premier jour de la campagne pour l'élection présidentielle du 13 novembre 2005, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a demandé au président, Blaise Compaoré « d'appeler publiquement les témoins de l'affaire Norbert Zongo à parler sans crainte ». « La justice n'avancera pas si vous ne donnez pas aux témoins l'assurance que vous soutenez leur démarche et que vous vous engagez à assurer leur protection », a déclaré Robert Ménard.
Monsieur le Président,
Aujourd'hui démarre la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 13 novembre 2005, scrutin pour lequel vous êtes candidat. Or, le souvenir meurtri du journaliste Norbert Zongo plane au-dessus des débats. L'impunité dont bénéficient ses assassins empoisonne la vie politique. Le Burkina Faso a trop souffert de cette blessure qui s'est ouverte le 13 décembre 1998 à Sapouy et qui n'a jamais pu guérir.
Vous avez exprimé publiquement, et « à plusieurs reprises » avez-vous dit en janvier 2005, votre « souhait ardent de voir ce dossier élucidé ». « Je pense que nous devons continuer à faire confiance à la justice pour qu'elle conduise dans la sérénité et jusqu'au bout son instruction », avez-vous alors déclaré. Or, depuis cette date, rien n'a changé. Le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo a tenté d'obtenir que les témoins disent enfin toute la vérité. En vain. Ils craignent pour leur sécurité s'ils venaient à briser la loi du silence. L'instruction est gelée.
Aussi, Reporters sans frontières vous demande d'appeler publiquement les témoins de l'affaire Norbert Zongo à parler sans crainte. La justice n'avancera pas si vous ne donnez pas aux témoins l'assurance que vous soutenez leur démarche et que vous vous engagez à assurer leur protection.
Depuis le 13 décembre 1998, l'objectif de Reporters sans frontières n'a pas changé. Comme la famille et les amis de Norbert Zongo, nous voulons que la vérité soit connue et que justice soit rendue. Les assassins doivent être identifiés et traînés en justice pour répondre de ce crime odieux. Faute de quoi, la confiance ne sera toujours pas rétablie dans le pays que vous présidez et le soupçon continuera de régner en maître. Or, si nous vous prenons au mot, cet objectif de vérité et de justice est aussi le vôtre.
Monsieur le Président, il existe un moyen pour que justice soit faite et il est de votre responsabilité de sortir de cette impasse. Ne perdez pas cette occasion d'aider tous ceux qui ont perdu un peu de leur vie, le 13 décembre 1998, lorsque Norbert Zongo et ses trois compagnons ont été massacrés.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma haute considération.
Robert Ménard
Secrétaire général