Les syndicats maoïstes doivent cesser leurs actions violentes contre le groupe de presse Kantipur
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Reporters sans frontières dénonce les attaques très violentes dont est victime le groupe de presse Kantipur de la part de syndicats affiliés au Parti maoïste. La circulation des journaux est entravée, les employés sont menacés et des actes de sabotage grave ont été commis.
"Nous apportons notre soutien au groupe de presse Kantipur qui se trouve, une fois encore, harcelé par un syndicat lié au Parti maoïste. Les négociations salariales doivent se régler par le dialogue, et non pas par des méthodes violentes, comme le sabotage, les menaces ou le blocus. Les syndicats maoïstes font preuve d'intolérance. Il est évident que dans cette affaire, il ne s'agit pas simplement de revendications salariales. A travers ces actes, ce sont bien les engagements des dirigeants maoïstes en faveur de la liberté de la presse qui sont en train de voler en éclats", a affirmé l'organisation.
Dans la soirée du 30 septembre 2007, des militants de l'Union des travailleurs de la communication, de l'impression et des publications du Népal (ANCPPWU, affiliée au Parti maoïste) ont saboté une installation électrique au sein de l'imprimerie du groupe Kantipur qui publie notamment les quotidiens Kantipur et The Kathmandu Post. Selon un responsable de Kantipur interrogé par Reporters sans frontières, des syndicalistes ont tenté de mettre le feu à un bâtiment du groupe dans la capitale. La distribution de l'édition du 1er octobre a été fortement perturbée et le retour à la normale pourrait prendre plusieurs jours.
Le même jour, des syndicalistes ont vandalisé le véhicule du directeur du groupe, Kailash Sirohiya. Dans la foulée, la direction a licencié neuf employés syndiqués qui auraient participé aux actions du syndicat maoïste. Le lendemain, un député maoïste du Parlement intérimaire et président d'un syndicat maoïste, Shalik Ram Jamkatel, a menacé de kidnapper un responsable du groupe. Il reproche à Kantipur de ne pas respecter les droits des travailleurs. Il a relancé l'appel à un boycott publicitaire dans ces deux quotidiens.
Dans le même discours, Shalik Ram Jamkatel a menacé de s'attaquer à Kantipur Television Network, la chaîne du groupe Kantipur. "Les Népalais ne mourront pas de ne pas avoir les informations de Kantipur. Nous n'avons pas besoin de leur information. Ni des journalistes non plus. (...) Nous sommes prêts à réunir cent mille travailleurs en une heure pour s'attaquer à Kantipur", a lancé le dirigeant maoïste aux syndiqués qui bloquent l'accès du principal bâtiment du groupe.
Le 1er octobre, des militants maoïstes ont empêché la distribution des éditions régionales des quotidiens à Bharatpur (Centre) et Biratnagar (Est) en brûlant des centaines de copies à la sortie des imprimeries. Des maoïstes ont également mis le feu à plus de deux mille exemplaires des journaux à Pokhara (Centre).
Ces actes de sabotage interviennent alors que la Cour de Patan a ordonné, le 28 septembre, au syndicat maoïste de cesser le harcèlement du groupe de presse. Kantipur a également reçu le soutien du Premier ministre Girija Prasad Koirala. De son côté, l'Editor's Alliance a dénoncé, dans un texte reçu par Reporters sans frontières, les "attaques maoïstes contre Kantipur Publications". L'organisation rappelle qu'en août dernier, les syndicats maoïstes avaient déjà perturbé la circulation du Himalayan Times et de l'Annapurna Post.
Alors qu'un accord entre la direction et les syndicats devait être signé le 9 septembre dernier, les maoïstes ont lancé un nouveau mouvement contre Kantipur.
Publié le
Updated on
20.01.2016