Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté l'établissement, par les services de renseignements, d'une "liste noire" d'au moins quinze journalistes de la presse indépendante devant faire l'objet d'une "stricte surveillance" et d'autres "mesures" non précisées, à l'approche des élections prévues en 2008.
Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté l'établissement, par les services de renseignements zimbabwéens, d'une "liste noire" d'au moins quinze journalistes de la presse indépendante devant faire l'objet d'une "stricte surveillance" et d'autres "mesures" non précisées, à l'approche des élections présidentielle et législatives prévues en 2008.
"La paranoïa du gouvernement zimbabwéen s'accompagne d'une répression méthodique. A l'approche d'élections cruciales pour l'avenir du Zimbabwe, cette terrifiante liste noire est une honte. S'il arrivait quoi que ce soit à ces journalistes, le président Robert Mugabe en porterait l'entière responsabilité", a déclaré l'organisation.
Le 26 septembre 2007, la presse indépendante zimbabwéenne a publié le fac-similé d'une page portant l'en-tête du gouvernement, daté de juin 2007 et intitulé "Elections présidentielle et parlementaires de 2008". Sur ce document figure, sous le titre "targeted journalists" ("journalistes ciblés"), une liste de 15 personnalités du monde journalistique zimbabwéen. "Ces professionnels des médias et d'autres, comme il en a été discuté dans la réunion précédente, doivent être placés sous surveillance étroite et doivent être détenus aux différentes dates prévues. Ils travaillent main dans la main avec des gouvernement occidentaux hostiles anti-zimbabwéens. Les mesures qui doivent être prises contre les personnes ci-dessous, y compris celles qui se trouvent en exil, sont listées dans le résumé de la page 4", lit-on en bas de page.
Les premiers journalistes inclus sur la liste noire sont le rédacteur en chef du site Internet ZimOnline, Abel Mutsakani, puis Gift Phiri, journaliste indépendant et correspondant à Harare de l'hebdomadaire privé The Zimbabwean, paraissant à Londres. Ce dernier avait été arrêté et battu en détention, en avril 2007, avant d'être acquitté par un tribunal de Harare alors qu'il était poursuivi pour avoir travaillé sans l'accréditation de la toute-puissante Commission des médias et de l'information (MIC), contrôlée par le pouvoir. En juillet 2007, Abel Mutsakani avait été victime d'une tentative d'assassinat par trois agresseurs inconnus, en Afrique du Sud, à laquelle il avait miraculeusement échappé.
Vincent Kahiya, Dumisani Muleya et Itai Mushekwe, respectivement directeur de publication, rédacteur en chef et journaliste du quotidien privé Zimbabwe Independent, figurent également sur la liste, ainsi que Bill Saidi et Caiphas Chimhete, rédacteur en chef adjoint et journaliste du quotidien privé The Standard. Njabulo Ncube, Kumbirai Mafunda et Clemence Manyukwe, respectivement rédacteur en chef de la rubrique politique et journalistes du quotidien privé Financial Gazette, sont également nommés. Les noms du président du Syndicat des journalistes du Zimbabwe (ZUJ), Foster Dongozi, de Wilf Mbanga, fondateur du quotidien privé aujourd'hui suspendu The Daily News, et des journalistes Valentine Maponga, Itai Dzamara et Ray Matikinye figurent aussi sur la liste.