Les négociations sur le nucléaire ne peuvent ignorer la situation dramatique de la liberté d'expression et des droits de l'homme en Iran

A l'occasion de la reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien, Reporters sans frontières a adressé, le 21 octobre 2010, une lettre aux ministres des Affaires étrangères des pays négociateurs (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) pour faire part de sa profonde préoccupation sur la situation de la liberté d'expression en Iran et leur demander d'aborder ce sujet avec leur homologue iranien. L'organisation y souligne sa "profonde préoccupation quant à la situation de la liberté d'expression en Iran" et attire l'attention des pays concernés "sur les arrestations et condamnations des journalistes, blogueurs et net-citoyens dans le pays", ainsi que sur "les lourdes peines de prison d'Hossein Derakhshan et d'Hossein Ronaghi Maleki”. Reporters sans frontières insiste notamment sur les conditions de détention dans lesquelles sont maintenus ces prisonniers. La plupart sont malades ou très affaiblis physiquement et psychologiquement. Certains sont également privés de soins médicaux. La situation de Mohammad Sadigh Kaboudvand, Issa Saharkhiz et Hengameh Shahidi est particulièrement alarmante : gravement malades, ils ont été hospitalisés à plusieurs reprises dans les cliniques des prisons d’Evin et de Rajaishahr depuis leur arrestation. Par ailleurs, depuis le 11 octobre 2010, deux journalistes allemands sont emprisonnés en Iran. Les plus hauts responsables judiciaires iraniens les ont accusés d’espionnage alors qu'ils remplissaient tout simplement leur devoir d’information dans un pays où le gouvernement ne laisse aucune liberté de couverture de l’actualité et limite de manière très restrictive l’obtention de visas pour les journalistes étrangers. Dans ce courrier, Reporters sans frontières dresse un bilan inquiétant de la situation de la liberté d'expression en Iran, qui continue de se dégrader : "Depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, les blogueurs et les nouveaux médias ont rejoint les journalistes au rang des ennemis du régime, soumis à une censure et une surveillance systématiques. Le pays a connu de nombreuses arrestations arbitraires de journalistes et de blogueurs, souvent victimes de mauvais traitements, ou contraints à l'exil. Aujourd'hui, avec vingt-six journalistes, neuf net-citoyens et un collaborateur des médias emprisonnés en Iran, ce pays représente la plus grande prison pour les journalistes au Moyen-Orient." L'organisation demande donc aux pays concernés "de bien vouloir intervenir personnellement en leur faveur auprès des autorités iraniennes, à l'occasion de la reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien. Le groupe "5+1" représentera la communauté internationale lors de cette rencontre avec l'Iran. Notre organisation demande à chacun des représentants d'aborder avec les autorités iraniennes la question de la libération des journalistes et blogueurs emprisonnés. Celle du respect des droits fondamentaux se doit aussi d'être évoquée parallèlement aux discussions économiques et scientifiques." Cette opportunité de dialogue doit être saisie. Depuis le 12 juin 2009 et le lancement de la campagne de répression massive des manifestations qui a suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, plus d’une centaine de prisonniers politiques sont toujours détenus dans les geôles iraniennes dans des conditions inhumaines et dégradantes.
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Updated on 20.01.2016