Les locaux de la revue Contralínea saccagés à Mexico

Les locaux de la revue indépendante Contralínea ont fait l’objet d’une mise à sac, un mois après une effraction commise par deux hommes armés au domicile du directeur du média Miguel Badillo. Du matériel informatique et d’enregistrement a été dérobé dans la nuit du 23 au 24 juin 2014 par des individus non identifiés qui se sont introduits dans les locaux de la revue indépendante Contralínea. Les assaillants ont pris soin de couper les câbles des caméras de surveillance installés en 2012 par le procureur général du district fédéral dans le cadre du Mécanisme de protection des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes. Ces mesures de sécurité avaient été sollicitées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et par les Nations unies, alarmées par de précédentes attaques contre les locaux de la revue. Au lendemain de ce nouveau cambriolage, la direction du journal a déposé plainte auprès du procureur général, et a demandé une extension des mesures de protection à l'ensemble du personnel. Dans un entretien accordé à Reporters sans frontières, le directeur de la revue Miguel Badillo a dressé le lourd bilan de cette attaque : 19 ordinateurs, une caméra, trois écrans de télévision, une station d’enregistrement-radio mais aussi de nombreux documents, disques durs et carnets de notes ont été volés. Miguel Badillo a également dénoncé l’effraction commise en son absence à son domicile le 18 avril 2014 par deux hommes armé. Cependant, aucun mobile n’a été déterminé à ce jour et l’enquête, menée par le procureur général, semble être au point mort. “Reporters sans frontières demande aux autorités mexicaines de prolonger immédiatement les mesures de protection et de les étendre à tous les membres de l’équipe de Contralínea, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Nous demandons également au procureur général de faire avancer l’enquête dans les meilleurs délais pour déterminer l’origine du vol et sanctionner les commanditaires afin de garantir le respect du travail de Contralínea.” Les vols, perquisitions et harcèlements judiciaires sont monnaie courante pour Contralínea. La revue s’est vu poursuivre en justice à plusieurs reprises par des entreprises privées, notamment les groupes Zeta Gas, Blue Marine Technology et Oceanografía, pointées du doigt dans des affaires de corruption lors d'enquêtes des reporters de la revue. Trois procès intentés en 2007 sont actuellement en cours. En décembre 2013, la CIDH et le ministère de l’Intérieur ont ouvert une enquête sur les diverses violations des droits humains commis à l’encontre des journalistes de Contralínea. Les menaces et autres intimidations se soldent bien souvent par des attaques irréversibles au Mexique, où déjà deux journalistes ont été assassinés depuis le début de l’année 2014. La fondatrice de Contralínea, Ana María Marcela Yarce Viveros avait été retrouvée morte le 1er septembre 2011 après avoir été enlevée au sortir des locaux de la revue. Le Mexique est 152e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014.
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Updated on 20.01.2016