Les journalistes s'unissent contre la censure systématique

Reporters sans frontières, qui a adressé au président ukrainien Viktor Ianukovitch une lettre ouverte, le 28 avril 2010, s’inquiète du tour que prend la politique médiatique ukrainienne ces derniers temps. Jeudi 6 mai 2010, plusieurs journalistes de la chaîne de télévision populaire 1+1 ont publié une lettre ouverte pour dénoncer l’introduction de la censure au sein leur rédaction. « Nous, journalistes de TSN (service d’informations de la chaîne) voulons annoncer que la censure a été introduite à 1+1 ! » Selon les journalistes, il leur est interdit de traiter certains sujets, et les reportages critiquant les autorités actuelles sont retirés de la diffusion pour des raisons politiques. Ils dénoncent le fait que ce ne soit plus le directeur de la publication qui donne l’autorisation de diffuser, mais le directeur général de la chaîne Oleksander Tkachenko. Les journalistes revendiquent le fait de pouvoir faire leur métier en dehors de toute considération politique : ils ne veulent en rien faire de la propagande pour tel ou tel parti, mais souhaitent informer les téléspectateurs. « La liberté d’expression n’est pas une coquille vide, c’est la base de notre profession. C’est la raison pour laquelle nous exprimons notre désaccord catégorique à l’encontre de la pression exercée sur nous. » Les journalistes exigent que le contrôle sur leur service d’information cesse immédiatement. Ils demandent qu’un terme soit mis à « la pratique honteuse des directives et des instructions ». Ces journalistes demandent que TSN revienne aux principes fondamentaux du journalisme : l’objectivité, l’équilibre et l’équité. Ces journalistes déclarent également qu’ils tâcheront, dorénavant, de relever et diffuser chaque fait de censure dont ils auront connaissance, et débuteront une grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les journalistes de la chaîne STB rejoignent leurs collègues de 1+1. Vendredi 7 avril, ils publient à leur tour une lettre ouverte, dénonçant la censure systématique qui a été instaurée dans leur rédaction ces derniers mois. Depuis l’élection présidentielle, selon eux, les priorités ont changé, le ton à employer également. « Il ne faut plus utiliser l’ironie pour parler d’événements politiques, éviter de parler des politiciens… » Reporters sans frontières dénonce les faits qui lui ont été relatés. Il est inadmissible que dans un pays, qui plus est démocratique, des médias subissent de telles pressions. L’organisation, qui soutient l’initiative des journalistes, et encourage les partisans d’une presse libre à rejoindre leur mouvement, appelle la direction de la chaîne 1+1, qui vient de reconnaître certains faits de censure, à retrouver un fonctionnement normal, respectueux du travail journalistique.
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Updated on 20.01.2016