Les journalistes kurdes font face à de nouveaux défis

Cinq journalistes ont été interrogés par les forces de l'ordre kurdes après avoir bravé l'interdiction de se rendre à la frontière irako-turque. Par ailleurs, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Hawlati risque jusqu'à un an de prison pour "diffamation", suite à une plainte déposée par le président irakien Jalal Talabani.

Le 1er février 2008, cinq journalistes ont été interrogés par les forces de l'ordre kurdes après avoir bravé l'interdiction de se rendre à la frontière irako-turque. Par ailleurs, le procès du rédacteur en chef de l'hebdomadaire indépendant Hawlati a débuté le 4 février devant le tribunal correctionnel de Souleimaniyah (330 km au nord de Bagdad). Poursuivi pour “diffamation”, Abid Aref risque jusqu'à un an de prison. “Nous demandons aux autorités un engagement plus soutenu en faveur de la liberté de la presse. Il n'est plus seulement question de prononcer des discours mais de protéger le droit des journalistes à couvrir l'actualité. La mise en place d'un nouveau code de l'information, toujours à l'étude au Parlement régional, sera une première étape cruciale pour l'avenir des médias au Kurdistan”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 1er février, cinq journalistes ont été interpellés par les forces de l'ordre à leur retour des montagnes de Kandil, à la frontière irako-turque. Rahman Gharib (photo) a été malmené après avoir tenté de résister aux policiers. “Nous nous étions rendus la veille à la rencontre des populations qui endurent les bombardements turcs. Nous avons pu constater qu'une grande partie des infrastructures - dont des écoles et des hôpitaux - avait été détruite. Nous avons interrogé les habitants des villages isolés et avons pris des photos des dégâts”, a déclaré le journaliste à Reporters sans frontières. Près du poste de contrôle de Sengeser, dans la province de Souleimaniyah, les forces de l'ordre ont intercepté les cinq hommes qui tentaient de rejoindre plusieurs de leurs confrères, prévenus de leur arrivée. Rahman Gharib, Bayez Mohammed, du quotidien Hawlati, Salam Abdallah, du site Internet Kurdistan Post, et les journalistes indépendants Kerwan Salar et Mohammed Çawsin ont été brièvement interrogés. Sourwan Omar, de l'agence de presse Kurdistan News, a été frappé par des policiers alors qu'il tentait de se rapprocher du groupe. Dans une autre affaire, le procès en diffamation intenté par le président irakien Jalal Talabani à l'encontre du rédacteur en chef de l'hebdomadaire Hawlati a débuté le 4 février devant le tribunal correctionnel de Souleimaniyah. Abid Aref risque jusqu'à un an de prison pour avoir reproduit, le 13 janvier, le rapport du chercheur américain Michael Rubin, de l'Institut de l'entreprise américaine pour la recherche sur les politiques publiques, très critique envers plusieurs personnalités kurdes, dont le chef de l'Etat irakien. Le journaliste a été libéré après avoir versé une caution d'un million de dinars (l'équivalent de 558 euros). Le procès a été reporté à une date ultérieure, inconnue pour le moment.
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Updated on 20.01.2016