Les journalistes entrent en grève

237 journalistes et collaborateurs de la chaîne publique UT-1 sont entrés en grève, le 25 novembre 2004, pour dénoncer la manipulation des informations. "Nous sommes solidaires des journalistes qui luttent contre la censure systématique dont ils font l'objet", a déclaré Reporters sans frontières. Le Président Léonid Koutchma a dit regretter que la chaîne d'opposition Kanal 5 ne soit pas fermée.

237 journalistes et collaborateurs de la chaîne publique UT-1 sont entrés en grève, le 25 novembre 2004, pour dénoncer la manipulation des informations. Les employés des chaînes de télévision privées 1+1 et Inter, contrôlées par le pouvoir, ont également protesté officiellement contre la censure. Ils semblent avoir obtenu gain de cause et diffusent actuellement les images des manifestations de l'opposition. Par ailleurs, au cours d'une réunion du Conseil national à Kiev, l'actuel président de la République, Léonid Koutchma, a accusé, le 24 novembre au soir, la chaîne d'opposition Kanal 5 de "préparer un coup d'Etat". Il a dit regretter qu'elle n'ait pas été fermée. "Nous sommes solidaires des journalistes qui luttent contre la censure systématique dont ils font l'objet", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous exhortons les autorités à ne pas fermer Kanal 5, la seule chaîne d'opposition nationale. Cela représenterait une étape supplémentaire et lourde de conséquences dans la répression contre les médias non asservis au pouvoir", a ajouté l'organisation internationale de défense de la liberté de la presse. 14 journalistes, des services d'information des chaînes UT-1 et 1+1, ont entamé une grève, le 24 novembre, pour protester contre l'utilisation systématique de "temnyks", des instructions adressées par l'administration présidentielle aux rédactions sur la manière dont certains sujets doivent être traités. Ils ont ensuite été rejoints par d'autres journalistes, notamment des correspondants locaux. Ils ont déclaré qu'ils cesseraient leur grève lorsqu'ils auront la garantie de pouvoir diffuser des informations non biaisées. 223 journalistes et collaborateurs de la chaîne publique UT-1 ont rejoint ce mouvement de grève, le 25 novembre au soir. Ils avaient publié une déclaration dénonçant la "couverture unilatérale", qui "prive les citoyens ukrainiens d'informations importantes". Ils avaient exigé, dans leur communiqué, de pouvoir diffuser des images en direct depuis la place centrale de Kiev, "où l'histoire de notre pays est en train d'être écrite". Ils avaient par ailleurs demandé que la direction de la chaîne affirme officiellement son soutien aux chaînes privées d'opposition Kanal 5 et Era, toutes deux menacées de fermeture. Les journalistes avaient annoncé qu'ils entreraient en grève en cas de réponse négative de la direction. Celle-ci ayant jugé le communiqué illégal, les employés de la chaîne sont entrés en grève. Depuis le 25 novembre au soir, cédant aux pressions du personnel, les directions des chaînes 1+1 et Inter ont conclu un accord avec leurs employés. Les deux tendances politiques obtiennent désormais un temps d'antenne égal, diffusant enfin des images de la place centrale de Kiev, où sont réunis des centaines de milliers de partisans du candidat d'opposition Victor Iouchtchenko. 9 journalistes, notamment des chaînes 1+1 et Inter, ont récemment démissionné pour dénoncer l'utilisation de "temnyks" qui sévit dans les rédactions. Par ailleurs, lors d'une réunion du Conseil national dédiée à la coopération entre les autorités locales, régionales et nationales, le président de la République d'Ukraine, Léonid Koutchma, a déclaré : "les autorités du pays et les experts en sécurité ont prévenu que la couverture provocante et les prétendues "informations honnêtes" de Kanal 5 visaient à préparer le terrain pour un coup d'Etat". Il a fait remarquer que, par respect pour la démocratie, l'Etat n'avait appliqué aucune sanction à l'encontre de Kanal 5, alors qu'il avait "toutes les raisons" de le faire, puisque la chaîne de télévision "n'a pas assumé les engagements liés à sa licence d'émission". Il a regretté que le pouvoir n'ait pas fermé Kanal 5 auparavant. "Si nous avions agi autrement, les centaines d'enfants, entraînés dans les manifestations, ne risqueraient probablement pas une pneumonie", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine.
Publié le
Updated on 20.01.2016