Les journalistes en France se mobilisent en faveur de leurs collègues iraniens

A l’appel de Reporters sans frontières, des journalistes se sont rassemblés aujourd’hui à 15h devant l’ambassade d’Iran, à Paris, en soutien à leurs collègues iraniens pourchassés par les autorités depuis la publication des résultats de l’élection présidentielle. Les journalistes étrangers ont également réclamé la possibilité d’obtenir des visas pour se rendre en Iran et y couvrir les événements. « Il n’y aura bientôt plus de journalistes étrangers en Iran. Sans ces témoins indésirables, et tandis que se poursuivent les arrestations de confrères iraniens, la porte sera ouverte à tous les abus », a déclaré Reporters sans frontières. Les journalistes ont brandi leur carte de presse, et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Where is my press freedom ? ». Etaient notamment présents Patrick Poivre d'Arvor, ancien présentateur du JT de TF1, Thomas Dandois et Pierre Creisson, deux journalistes français incarcérés pendant un mois au Niger, fin 2007, après avoir réalisé un reportage sur la rébellion touareg. "Les journalistes présents en Iran pour parler de l'élection ne peuvent plus le faire librement. Ils sont soit arrêtés, soit expulsés. Nous ne sommes pas là pour contester les résultats de l'élection, mais pour témoigner. Les journalistes doivent pouvoir travailler librement", a déclaré M. Poivre d'Arvor. Six jours après les résultats de l’élection présidentielle, la répression continue en Iran envers les journalistes iraniens et étrangers indépendants qui veulent relayer la voix de la rue, et faire connaître au monde la situation à Téhéran et dans les autres provinces du pays. Le 18 juin 2009, le préfet d’Ispahan (340 km au sud de Téhéran) a accusé les journalistes de “manigancer“ ces manifestations de protestation. En outre, les responsables de publication de trois quotidiens, Aftab yazd, Hayat no et Khabar, ont ajourné la parution de leur journal, les autorités voulant les obliger à changer le contenu des articles. L’un des journaux voulait notamment citer les propos d’un des candidats de l’opposition. Le 18 juin, les autorités ont menacé les agences de presse si elles venaient à fournir aux médias étrangers des images des manifestations. Le journaliste d’une agence internationale, qui a requis l’anonymat, a déclaré à Reporters sans frontières qu’« après la publication du décret du ministère de la Culture et l’Orientation islamique, la pression s’est accrue. Les autorités interdisent tout particulièrement que l’on envoie les images à VOA et à la BBC ». En outre, le régime continue de diaboliser les médias étrangers, surtout occidentaux, les accusant d’être les “porte-parole des émeutiers“. Dans un communiqué du 17 juin, le ministre de Affaires étrangères les qualifie d’ “ennemis“, les avertissant qu’ils seraient bientôt mis “échec et mat“. Six jours après les résultats de l’élection présidentielle, douze journalistes ont été arrêtés. Le 14 juin 2009 : - la cyberdissidente Somaieh Tohidlou (http://smto.ir) - Ahmad Zeydabadi, - Kivan Samimi Behbani, - Abdolreza Tajik, - Mahssa Amrabadi, - Behzad Basho, le caricaturiste - Khalil Mir Asharafi, réalisateur à la télévision iranienne Le 15 juin 2009 : - Mohamad Atryanfar, directeur de plusieurs publications comme Hamshary, Shargh, Shahrvand Emrouz, aurait été transféré à la section de sécurité de la prison d’Evin. - Saïd Hajarian, ancien directeur du journal Sobh-e-Emrouz, a été arrêté par les forces de l’ordre dans la nuit du 15 au 16 juin à son domicile de Téhéran, alors même qu’il est handicapé. Le 16 juin : - Mohammad Ali Abtahi, surnommé “Mollah blogueur“, a été arrêté à son domicile de Téhéran. Son blog : http://www.webneveshteha.com/. Le 17 juin : - Saide Lylaz, journaliste au journal Sarmayeh, a été arrêté à son domicile de la capitale. Ce spécialiste des questions économiques s’est montré très critique envers la politique d’Ahmadinejad. - Rohollah Shassavar, journaliste de la ville de Mashad, est détenu depuis la même date. De plus, le 16 juin, Aldolfatah Soltani, avocat de plusieurs journalistes emprisonnés et membre du Cercle des défenseurs des droits de l’homme, a été placé sous mandat de dépôt, sur ordre du tribunal de la révolution de Téhéran. Il aurait été, lui aussi, transféré à la section de sécurité de la prison d’Evin.
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Updated on 20.01.2016