Les journalistes en exil victimes de menaces et d’attaques diffamatoires en Iran et en Europe
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La décision pour mettre fin à la mise en demeure
Reporters sans frontières a appris avec satisfaction, le 12 novembre 2013, la décision M. Afshar, journaliste indépendant et collaborateur régulier de la Radio-Télévision de la République islamique d’Iran, de ne pas donner la suite à la lettre de mise en demeure pour diffamation envoyée, le 16 septembre 2013, par son avocat, à la journaliste Masih Alinejad. «Je l'ai fait pour montrer ma bonne foi et mon respect de la liberté de l'information», a déclaré le journaliste.
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Reporters sans frontières condamne les menaces et les attaques diffamatoires répétées visant des journalistes iraniens en exil, parmi lesquels Arash Sigarchi, de Voice of America (VOA), et la journaliste indépendante Masih Alinejad. Le ministre des Renseignements, les gardiens de la révolution et la radio-télévision nationale, aux mains du gouvernement, orchestrent ces campagnes de haine depuis Téhéran.
“Des manipulations visent à masquer l’origine de ces menaces, mais c’est bien le groupe d’audiovisuel national iranien qui en est responsable. La Radio-Télévision de la République Islamique d'Iran (IRIB) est un organe de propagande, et dans certains cas un instrument au service de la répression du régime. Le régime doit mettre un terme au harcèlement à l’encontre de Masih Alinejad et doit également cesser ses représailles à l’encontre des membres de la famille d’Arash Sigarchi et d’autres journalistes exilés”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 16 septembre 2013, l'avocat M. Afshar, collaborateur régulier de la Radio-Télévision de la République islamique d'Iran à Londres, a envoyé une lettre de mise en demeure pour diffamation pouvant entraîner une action judiciaire contre la journaliste Masih Alinejad, exilée depuis 2009. Le 20 août 2013, alors que le journaliste de l’IRIB interviewait un couple de Britanniques dans le cadre d'un reportage sur l'affaire du Guardian et l'acharnement du gouvernement à l'encontre du quotidien, la journaliste avait interpellé le couple pour leur faire part de la situation de la liberté de la presse en Iran. Cet événement avait été filmé par une chaîne de télévision de l’opposition basée à Londres et diffusé sur Youtube.
Le courrier adressé à Masih Alinejad présente Hojbar Afshar comme un journaliste indépendant qui ne “s’intéresse pas à la politique”. Le journaliste est en réalité l'un des principaux collaborateurs de la chaîne de télévision gouvernementale.
Le directeur de l’IRIB est directement choisi par le guide suprême Ali Khamenei. Ezzatollah Zarghami, actuel directeur de la chaîne, figure dans une liste établit par l’Union européenne pour avoir commis de graves violations contre les droits de l'homme en Iran. Complice de la répression du régime contre les journalistes et les net-citoyens, l’organe de presse est régulièrement utilisé pour diffuser les aveux forcés des détenus qui ont été soumis à de longues périodes d’isolement ou des tortures.
Malgré les gestes d’ouverture du nouveau président de la République sur la scène internationale, le conservateur modéré Hassan Rohani, et la libération de quelques prisonniers politiques en amont de sa participation à l’Assemblée générale des Nations unies, la répression et les menaces contre les professionnels de l’information n'ont pas cessé. Le ministère des Renseignements continue de faire pression sur les familles de plusieurs journalistes travaillant pour des médias basés à l’étranger. Depuis le mois de juin 2013, les familles de plusieurs journalistes travaillant pour des médias internationaux tels que Radio Farda (Free Europe) ou Voice of America, ont été convoquées et longuement interrogées par les agents du ministère.
Le 10 septembre 2013, les parents du journaliste en exil Arash Sigarchi, et ceux de son épouse, ont été convoqués par les agents du ministère des Renseignements de la province de Gilan (nord du pays). Au terme d'un interrogatoire qui a duré plusieurs heures, les agents du ministère ont exigé des familles qu'elles demandent à Arash Sigarchi “de cesser de collaborer avec VOA”, avant de les menacer de “convoquer d'autres membres de la famille voire de les arrêter”.
Arash Sigarchi et Masih Alinejad, exilés depuis plus de 5 ans, ont été obligés de quitter leur pays après avoir fait l’objet, à plusieurs reprises, de menaces, de harcèlements, d'arrestations et de lourdes condamnations judiciaires.
“Ce que fait le régime de Téhéran avec les familles des journalistes qui demeurent dans le pays ne constitue ni plus ni moins que l’équivalent d’une prise d'otage de familles de citoyens européens et américains. Ces attaques commises à distance doivent provoquer une réaction ferme de la communauté internationale. L’instrumentalisation des institutions démocratiques de pays libres comme le Royaume-Uni par le régime répressif de la République islamique pour faire taire des journalistes et des dissidents, autrement hors d’atteinte, est inacceptable”, a ajouté l’organisation.
Publié le
Updated on
20.01.2016