Les journalistes empêchés d'assister au procès de l'ancien ministre de la Santé portent plainte

Le 6 mars 2007, les journalistes travaillant pour plusieurs médias indépendants ou d'opposition empêchés à plusieurs reprises d'assister au procès de l'ancien ministre de la Santé, Ali Insanov, ont porté plainte. Les autorités du Tribunal de Bakou pour les crimes majeurs soutiennent que le manque de places disponibles est la seule raison pour laquelle les journalistes n'ont pu assister aux dernières audiences. Pourtant, selon les professionnels de la presse, seuls les médias étatiques ont été autorisés à pénétrer dans le tribunal, alors qu'il restait de nombreuses places vacantes. Les plaignants demandent à être autorisés à assister au procès et, en cas de manque de places, sollicitent la mise en place d'une retransmission vidéo. Selon eux, l'empêchement qui les frappe a pour objectif de limiter la diffusion des déclarations qu'Ali Insanov pourrait faire à propos du gouvernement actuel. L'ancien ministre, arrêté à l'approche des élections parlementaires de l'automne 2005, est poursuivi pour abus de pouvoir, corruption, faux et usage de faux, entres autres. Selon la police, quelque 2,3 millions de dollars ont été découverts à son domicile lors de son arrestation. Son procès s'est ouvert le 15 février dernier. Lors de la première audience, il avait qualifié les membres du parti au pouvoir, Yeni Azerbaycan, d' ”escrocs “. Ces propos avaient été largement repris par la presse. ------------------------------------------------------------- 28 février 2007 Les médias d'opposition et indépendants de nouveau empêchés d'assister L'interdiction d'assister au procès faite par la Cour à certains médias, a été renouvelée au cours de la troisième audience du procès d'Ali Insanov. Les correspondants de Azadlig, Yeni Musavat, Gundalik Azerbaidjan newspapers, Radio liberty et l'agence de presse Turan n'ont pu couvrir ni la première ni la seconde session du procès. Les officiers de la Cour pour les crimes majeurs ont prétexté un manque de place dans la salle d'audience et ont privilégié l'entrée des correspondants des médias progouvernmentaux, à l'instar de ce qui s'était produit le 22 février 2007. Les autorités souhaitent passer sous silence les propos d'Ali Insanov qui condamnent le parti au pouvoir et les membres du gouvernement. Aflatun Amashev, le président du Conseil de la pesse visant à résoudre les conflits entre le gouvernement et les médias, a promis que cela ne se reproduirait plus. ------------------------------------------------------------ 26 février 2007 Le 22 février 2007, de nombreux représentants de la presse indépendante ou d'opposition ont été empêchés d'assister à la deuxième audience, pourtant ouverte au public, du procès de l'ancien ministre de la Santé, Ali Insanov. En revanche, les journalistes de plusieurs chaînes de télévision, et de médias progouvernementaux (525 Gazet, Iki Shahil, Yeni Azerbaycan, l'agence de presse APA, par exemple) ont été autorisés à pénétrer dans la salle. Parmi les journalistes refoulés se trouvaient des correspondants d'Azadlig, de Yeni Musavat, de l'agence de presse Turan, de Gundalik, de la chaîne de télévision ANS-News, etc. Ces médias avaient repris les déclarations d'Ali Insanov lors de l'ouverture de son procès. Ce dernier avait notamment qualifié d'«escrocs» les membres du parti au pouvoir, Yeni Azerbaycan. « Reporters sans frontières dénonce une nouvelle intervention des autorités dans les activités de la presse. La sélection de journalistes en fonction de leur proximité du pouvoir est une violation flagrante de la liberté d'informer et d'être informé », a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse. Avant l'ouverture du procès, l'administrateur du tribunal a demandé leur carte professionnelle à l'ensemble de journalistes présents. Cinq minutes plus tard, il a donné les noms de ceux qui étaient autorisés à entrer. Les journalistes refoulés une première fois à 9h30 ont été assurés qu'ils pourraient entrer à la reprise de l'audience à 15 heures. Cela n‘a pas été le cas. Interrogée par Reporters sans frontières, la journaliste de l'agence Turan, Tarana Kazimova, a indiqué qu'on leur avait objecté qu'il n'y avait plus de places disponibles, alors que les journalistes étaient bien moins nombreux que le matin. Elle a précisé avoir déjà assisté à de nombreux procès sensibles et n'avoir jamais été confrontée à ce type de procédé. Finalement, a-t-elle souligné, cela ne devrait pas l'empêcher, ni ses confrères, de prendre connaissance des déclarations de l'ancien ministre de la Santé et de les répercuter. La prochaine audience se tiendra le mardi 27 février.
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Updated on 20.01.2016