Les journalistes de Kanal 5 cessent leur grève de la faim et portent plainte contre le Conseil national de radiodiffusion

Les journalistes de la chaîne de télévision Kanal 5 ont annoncé, le 2 novembre 2004, avoir mis un terme à leur grève de la faim, entamée une semaine auparavant. Le même jour, ils ont déposé une plainte contre le Conseil national de radiodiffusion (CNR) auprès du tribunal économique de Kiev. Ils entendent ainsi obtenir de la justice qu'elle confirme de façon définitive l'attribution à la chaîne d'une licence lui permettant d'émettre à Kiev. Ils craignent que les décisions contradictoires à ce sujet prises par le CNR ne se transforment en moyen de pression sur Kanal 5 pour infléchir sa ligne éditoriale. ------- 29.10.2004 A la veille de l'élection présidentielle, des journalistes protestent contre la censure Sept journalistes de la chaîne de télévision privée 1+1, contrôlée par le chef de l'administration présidentielle, Viktor Medvedtchouk, ont démissionné, le 29 octobre 2004, pour protester contre la couverture biaisée de la campagne électorale pour la présidentielle du 31 octobre. « Nous refusons de prendre part à une guerre de l'information que le pouvoir a déclarée contre son propre peuple », ont-ils affirmé. Les journalistes ont indiqué qu'ils quittaient la chaîne après avoir tenté en vain de convaincre la direction de ne plus censurer l'information et de ne pas tenir compte des « temnyks », des instructions adressées par l'administration présidentielle aux rédactions sur la manière dont certains sujets doivent être traités. La direction de 1+1 n'a pas souhaité commenter ces déclarations. Par ailleurs, plus de 160 journalistes ont signé une pétition protestant contre la censure et la couverture biaisée de la campagne électorale en faveur du candidat du pouvoir, le Premier ministre Viktor Ianoukovitch. « Ne tenant pas compte des normes du journalisme professionnel, le pouvoir et, sous sa pression, les propriétaires des chaînes de télévision, tentent de passer sous silence des événements importants ou de les rapporter d'une manière biaisée », affirme le texte. Cette pétition, lancée le 28 octobre par 42 journalistes travaillant notamment pour les chaînes nationales Novy Kanal, ICTV, Inter, TNT et 1+1, appelle les reporters à « informer la société sur tous les événements importants, à présenter tous les points de vue importants, à vérifier et à donner la source des informations diffusées ». En revanche, les comptes bancaires de la chaîne Kanal 5, gelés le 18 octobre suite à une plainte pour diffamation, ont été débloqués sur ordre de la justice. Des journalistes de la chaîne continuent néanmoins leur grève de la faim, entamée le 25 octobre, pour protester contre les pressions qu'ils subissent notamment par le biais de l'attribution de leur licence. ______________ 26.10.2004 Les journalistes de Kanal 5 en grève de la faim Le 25 octobre 2004, vers 21 heures 30, Andriy Chevchenko, directeur de l'information de Kanal 5, a annoncé en direct que les journalistes de la chaîne entamaient une grève de la faim pour protester contre les pressions qu'ils subissent. Le député indépendant Volodymyr Sivkovitch, qui avait poursuivi l'un des propriétaires de Kanal 5, le député d'opposition Petro Porochenko pour diffamation, a pourtant annoncé qu'il retirait sa plainte. De plus, le Conseil national de radiodiffusion a décidé de ne pas annuler, à ce stade, la licence permettant à la chaîne d'émettre à Kiev. Andriy Chevchenko a précisé que les comptes de Kanal 5 étaient toujours gelés et que la question de la licence restait une véritable épée de Damoclès pour les journalistes de la chaîne. ______________ 20.10.2004 La justice s'attaque à la seule chaîne d'opposition Un tribunal de Kiev a ordonné, le 18 octobre 2004, de geler les comptes bancaires de la chaîne de télévision Kanal 5 suite à une plainte pour diffamation déposée par le député indépendant Volodymyr Sivkovitch contre l'un des propriétaires de Kanal 5, le député d'opposition Petro Porochenko. « Entraver le fonctionnement de la seule chaîne d'opposition, deux semaines avant l'élection présidentielle, pour une simple affaire de diffamation est totalement anormal et très inquiétant », a déclaré Reporters sans frontières. « Il n'est pas acceptable qu'un média et des journalistes fassent à ce point les frais d'une querelle politique entre deux députés. Nous espérons que la justice reviendra, en appel, sur cette décision disproportionnée dont les conséquences seraient très dangereuses pour le pluralisme de l'information en Ukraine », a ajouté l'organisation. Volodymyr Sivkovitch, qui a indiqué que le gel des comptes de Kanal 5 était le seul moyen d'obtenir des excuses de la part de Petro Porochenko, a affirmé ne pas vouloir « faire la guerre contre les journalistes ». Vladislvav Liassovski, président de la chaîne, a quant à lui qualifié cette affaire de « politique » : « Nous sommes la seule chaîne ukrainienne à donner la parole non seulement aux forces favorables au pouvoir mais aussi à l'opposition et cela ne plaît pas au pouvoir », a-t-il déclaré à l'Agence France-Presse. Andriy Chevchenko, directeur de l'information de Kanal 5, a par ailleurs affirmé à Reporters sans frontières que la chaîne rencontre d'importants problèmes de diffusion en région, en particulier dans l'est du pays dont est originaire le Premier ministre, Viktor Ianoukovitch, candidat du parti au pouvoir à l'élection présidentielle du 31 octobre. Selon Andriy Chevchenko, le refus de plusieurs opérateurs locaux de poursuivre la transmission des programmes de Kanal 5 est d'origine politique. De plus, la chaîne a perdu, le 14 octobre 2004, sa licence lui permettant de diffuser ses programmes à Kiev.
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Updated on 20.01.2016