Les fermetures de journaux et les arrestations de journalistes se poursuivent

Le 5 octobre 2009, alors que Reporters sans frontières apprenait la détention de deux journalistes à la prison d’Evin depuis plusieurs mois, trois journaux, Farhang Ashti et Arman à Téhéran et Tahlil rooz à Chiraz (Sud-Ouest), ont été suspendus sur ordre du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique. « L’ayatollah Khamenei, Mahmoud Ahmadinejad et les dirigeants iraniens attaquent publiquement les médias en les qualifiant de ‘moyens utilisés pour renverser l’Etat’. Le régime iranien, qui dénigre les médias indépendants et les désigne comme des ennemis, entrave de manière systématique leur travail sans motif avoué ou base juridique sérieuse. L’Iran reste dans le peloton de tête des pays les plus répressifs en matière de liberté de la presse. L’ayatollah Ali Khamenei et Mahmoud Ahmadinejad ne risquent pas de perdre leur titre de prédateurs de liberté de la presse », a déclaré l’organisation. Le 5 octobre, la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse, organe de censure du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, a ordonné l’annulation de la licence de publication de deux quotidiens à Téhéran pour “non-respect de la loi sur la presse“. Les journaux ont été suspendus malgré leurs positions en général modérées à l’égard du gouvernement. Au cours des semaines précédant sa suspension, Farhang Ashti avait osé critiquer sévèrement le quotidien ultraconservateur Kayhan, contrôlé par le Guide suprême, publiant le montant des aides publiques aux journaux progouvernementaux, dont Kayhan. Le directeur du quotidien Arman a été informé de la fermeture de son journal avant même que la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse ne se réunisse. Le motif invoqué par les autorités est la “publication d’informations non conformes avec le style du journal“. Le quotidien Tahlil rooz de Chiraz a, quant à lui, été suspendu sans motif. Depuis trois ans, ce quotidien de qualité, seul journal réformateur de la province de Fars, est un des plus lus. Par ailleurs, l’organisation a été informée, par leurs familles et les prisonniers récemment libérés, de la détention de deux journalistes à la prison d’Evin. Mohsein Azmodeh, arrêté le 16 juin à son domicile. Son épouse, arrêtée en même temps que lui, est sortie de prison depuis. Ce journaliste de l’agence Mehr, proche du gouvernement, est accusé d’avoir été en “contact avec des groupes contre-révolutionnaires“. Le 15 août, Fayaz Zahed, membre du comité de rédaction du quotidien suspendu Etemad Meli a été arrêté dans la rue par des hommes en civil et transféré à la prison d’Evin. Les autorités n’ont pas révélé les charges retenues contre ces deux journalistes. Nemat Ahamadi, avocat de plusieurs journalistes emprisonnés, notamment Fayaz Zahed, a déclaré à Reporters sans frontières : « Les journalistes devraient normalement être arrêtés sur base des articles du code de la presse. Aujourd’hui, les journalistes sont accusés d’ “action mettant en danger la sécurité nationale, pour avoir participé à des manifestations ou des réunions, ou pour avoir écrit des articles“, bricolage juridique qui n’existe pas dans les lois iraniennes. » Reporters sans frontières s’inquiète des conditions de détention des journalistes en Iran. Nombre d’entre eux sont toujours maintenu à l’isolement, notamment Mohammad Ghochani et Issa Saharkhiz. Le premier, rédacteur en chef d’Etemad Meli, est détenu depuis le 18 juin, malgré la demande de libération sous caution de son avocat. Issa Saharkhiz, journaliste réformateur et ancien directeur des mensuels Aftab (Soleil, suspendu en 2004), et du journal Eghtesah (suspendu en 2005), a été arrêté le 4 juillet. Il subit toujours des pressions pour faire des aveux.
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Updated on 20.01.2016