Les deux blogueurs Abdeljalil Al-Singace et Ali Abdulemam s'apprêtent à être jugés

Reporters sans frontières est vivement préoccupée par la situation des blogueurs Abdeljalil Al-Singace et Ali Abdulemam, arrêtés le 4 septembre dernier. Le 28 octobre 2010 se tiendra le procès de 25 militants des droits de l'homme et proches de l'opposition, arrêtés entre août et septembre 2010. L'organisation craint que le contexte électoral dans lequel se déroule ce procès ne garantisse pas suffisamment les droits de la défense. Reporters sans frontières demande la libération immédiate des blogueurs, ainsi que des militants des droits de l’homme détenus injustement au Bahreïn et dans des conditions déplorables. L’organisation appelle la justice du pays à faire preuve de transparence et à garantir l’accès au tribunal des avocats, journalistes, défenseurs des droits de l’homme et observateurs internationaux, et à lever l’interdiction faite aux médias de couvrir ce procès. Les autorités doivent respecter les droits fondamentaux inscrits dans les conventions internationales signées et ratifiées par le Bahreïn. Abdeljalil Al-Singace, directeur d’al Haq (mouvement pour les libertés civiles et la démocratie) et universitaire déjà été arrêté en 2009 pour avoir prétendument lancé une campagne de déstabilisation contre le gouvernement, dénonçait sur son blog (http://alsingace.katib.org) les discriminations à l’égard des chiites, ainsi que l’état déplorable des libertés publiques dans son pays. A nouveau arrêté le 4 septembre dernier, il aurait été violenté, frappé à la tête, et souffrirait désormais de surdité partielle suite à la perforation de l’un de ses tympans. Il est maintenu à l’isolement depuis son incarcération au centre de détention de la Sécurité nationale et serait détenu dans des conditions dégradantes, sans accès à son fauteuil roulant. Ali Abdulemam, un blogueur très actif et considéré par les net-citoyens du pays comme un pionnier d’Internet dans le pays, a également été arrêté le 4 septembre, après sa convocation par la sécurité nationale du Bahreïn. Il est accusé d’avoir diffusé de fausses informations sur le forum BahrainOnline.org, pro-démocratique et bloqué au Bahreïn malgré ses 100 000 visiteurs par jour. Collaborateur du réseau mondial de blogueurs Global Voices, il est intervenu dans de nombreuses conférences internationales pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme à Bahrein. Il avait déjà été arrêté en 2005 pour des écrits critiques du régime sur son blog. Les autorités du Bahreïn ont renforcé leur filtrage du Net ces derniers mois. Des centaines de sites seraient actuellement inaccessibles. De nombreux sites Internet de l'opposition, ainsi que certaines newsletters, dont celles des sites Al-Wefaq National Islamic Society et The National Democratic Action Society (Al-Wa'ad), et des sites d’organisations de droits de l’homme comme le Bahrain Center for Human Rights (BCHR) ou l’Arab Network for Human Rights Information (ANHRI) sont inaccessibles depuis le pays. Le Bahreïn se situe à la 144e place du rapport mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières le 20 octobre 2010. Le pays perd 25 places par rapport à l'année précédente, une chute qui s’explique par la multiplication des arrestations de blogueurs et de net-citoyens, et l’amplification de la censure en ligne. Le royaume fait également partie des "pays sous surveillance" dans le rapport 2010 de l'organisation sur les « Ennemis d’Internet ».
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Updated on 20.01.2016