Les correspondants locaux sous pression
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Reporters sans frontières dénonce les pressions et les abus de pouvoir des notables locaux dont sont victimes, en province, les correspondants de presse. Des dizaines de cas de journalistes et de photographes harcelés, menacés et souvent agressés, sont recensés, loin des rédactions centrales.
" En révélant la corruption et les malversations des pouvoirs locaux, les correspondants de presse sont harcelés et menacés sans relâche. Exercer cette profession reste un métier à risques. Pour imposer le silence aux journalistes, tous les coups sont permis : du harcèlement administratif et judiciaire aux menaces de mort. Nous demandons aux autorités locales de faire cesser ces pressions intolérables ", a déclaré Reporters sans frontières.
L'organisation s'inquiète notamment de la situation de Elhanfaoui Ben Amer Ghoul, correspondant à Djelfa (150 km au sud d'Alger). Historien et responsable du bureau régional de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), ce journaliste est en résidence surveillée depuis le 15 février 2003 et subit de fortes pressions de l'administration locale et des services de sécurité. Il avait révélé, entre autres, l'affaire des 13 bébés retrouvés mort à l'hôpital de Djelfa et différents abus de pouvoir du préfet local, qui a déposé sept plaintes pour diffamation à son encontre. Dans un entretien publié par Le Soir d'Algérie (17 mai 2004), il évoque la situation des correspondants à Dejlfa, dont la surveillance est renforcée depuis 2001, lorsque l'actuel préfet a renvoyé un journaliste de la cellule de communication de la préfecture avant de la dissoudre. Les journalistes s'étant montrés solidaires de leur confrère subissent depuis toutes sortes de pressions. Parmi eux, des correspondants locaux ont été menacés et sont suivis dans leurs déplacements quotidiens. D'après Elhanfaoui Ben Amer Ghoul, au moins une vingtaine de poursuites pour diffamation ont été initiées par l'administration à l'encontre de ceux qui ont révélé des scandales financiers dans les colonnes de leurs journaux.
Le quotidien El Watan indique dans un article, également paru le
17 mai, que les entraves et les pressions sur le travail des correspondants se multiplient.
A Naâma (Ouest), les autorités locales s'en seraient prises à Abdelkrim Sid Hadj, correspondant du quotidien El Khabar. Dans une lettre ouverte adressée au président Bouteflika, le journaliste accuse le préfet de Naâma d'avoir ressorti une affaire datant de 2002, concernant le précédant locataire du logement qu'il a lui-même acheté en 1997, afin de mettre son habitation et celle de sa famille sous scellés. Le journaliste affirme que le préfet a usé de ses prérogatives comme représailles aux révélations faites concernant plusieurs affaires.
Reporters sans frontières reste par ailleurs très préoccupée par le cas de Hassan Bourras, correspondant à El Bayadh (ouest du pays) de plusieurs quotidiens, dont El-Djazaïri (régional) et El-Youm (national). Agressé pour ses révélations, condamné pour diffamation par le tribunal d'El Bayadh à deux ans de prison ferme et à une interdiction d'exercer pendant cinq ans, puis relâché en appel en décembre 2003, ce journaliste et sa famille continuent de subir des pressions intolérables de la part des notables locaux. Une plainte avait été déposée par le procureur d'El Bayadh contre deux articles parus dans El-Djazaïri. L'un affirmait que l'épouse du procureur local avait falsifié un document administratif pour se faire embaucher et l'autre révélait un trafic foncier à El Bayadh impliquant des notables.
Publié le
Updated on
20.01.2016