Les conditions de travail des journalistes bangladeshis ne s'améliorent pas

En l'espace d'une semaine, quatre journalistes ont été menacés ou agressés. Reporters sans frontières condamne l'inertie des autorités bangladeshis et réitère sa demande auprès du ministre de l'Intérieur, Lutfozzaman Babor, pour que des mesures concrètes soient enfin prises afin de stopper les instigateurs de ces violences, qu'ils soient militants politiques ou simples délinquants. Le 7 mai 2005, à Lalmonirhat (nord du pays), Waliur Rahman Raju, correspondant du quotidien Dainik Bogra, a été agressé dans son bureau sous les yeux du préfet adjoint du district, qui a pu intervenir et porter secours au journaliste. Les trois assaillants ont été identifiés comme étant Mekar Babu, Mehedi Hasan Jewel et Mainul Haq. La veille, à la station de bus de Lalmonirhat, Waliur Rahman Raju avait été victime d'une première attaque par ces mêmes individus qui lui avaient également dérobé 15 000 takas, l'équivalent de 215 euros. Ces agressions seraient liées à des articles rédigés par le journaliste sur la prostitution dans la commune. Le même jour, à Bhairab (sud-est de Dacca), Shamsuzzaman Bachhu, président du Bhairab Press Club et rédacteur en chef de l'hebdomadaire local Jugo Darpan, a été brutalisé par trois vendeurs de drogue, Shafaetullah, Bojon et Shwapan. L'ingérence du journaliste dans leurs affaires avait provoqué la colère des trois individus. Des passants ont secouru Shamsuzzaman et maîtrisé l'un des agresseurs qui a été remis à la police. Ses deux complices ont réussi à prendre la fuite. Le 4 mai, à Keraniganj, dans la banlieue de Dacca, Abdul Hai, du Daily Alor Jagat, a été quant à lui, menacé de mort par les auteurs d'un viol qu'il avait relaté quelques jours auparavant dans l'un de ses articles. Les criminels, dénommés Latmia, Ghasi Babul, Mitha Sadu, Safar Ali et Komol Dewan ont menacé de tuer le journaliste et de jeter son corps dans la rivière. Contacté par le correspondant de Reporters sans frontières, Abdul Hai a déclaré être sérieusement inquiet en raison des menaces quotidiennes dont il fait l'objet. Il a demandé une protection policière. Autre incident survenu le 10 mai à Khulna (sud du Bangladesh), un journaliste du Dainik Janakantha, Gauranga Nandi, a été menacé au téléphone par Shirajul Haque Nannu. Ce dernier, qui s'est présenté comme étant le secrétaire privé de Ashraf Hossain, chef de file du parti majoritaire au Parlement bangladeshi (BNP), a insulté le journaliste et exigé des explications sur la parution d'un article décrivant une dispute entre le maire de Khulna et Ashraf Hossain, les deux leaders du parti. Comme Nandi a refusé de donner des explications, l'agresseur a menacé de lui administrer une « bonne leçon », et ajouté : « Nous pouvons t'exploser à tout moment.» Leader d'un mouvement étudiant du parti BNP, Nannu est connu des services de police et plusieurs plaintes ont été déposées contre lui. Gauranga Nandi a porté plainte auprès de la police à qui il a demandé une protection rapprochée. Jouissant d'une forte reconnaissance dans la profession, il est sur la liste noire de groupes clandestins. Reporters sans frontières rappelle que depuis le début de l'année, un journaliste a déjà été tué à Khulna et un autre a échappé à une tentative d'assassinat.
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Updated on 20.01.2016