Les autorités somaliennes détiennent arbitrairement deux journalistes
Organisation :
Reporters sans frontières a appris avec soulagement la libération des deux journalistes de la chaîne d’information Universal TV Ali Dahir Salad et Abdullahi Hersi Kulmiye le jeudi 8 octobre, après six jours de détention par les services de sécurité du pays (NISA). Leur média est néanmoins toujours sous le coup d'une fermeture arbitraire de ses bureaux à Mogadiscio par la NISA et n’a pas repris sa diffusion dans la capitale somalienne.
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Reporters sans frontières (RSF) dénonce la fermeture sine die des locaux de la télévision Universal TV et la détention arbitraire du directeur et d’un présentateur de la station à Mogadiscio.
Vendredi 2 octobre, Ali Dahir Salad, présentateur de l’émission Doodwadaag (Le Débat) et Abdullahi Hersi Kulmiye, directeur de l’antenne Afrique de l'Est de Universal TV, chaîne d’information basée à Londres traitant de la Corne de l’Afrique, ont été arrêtés, sans mandat, par les hommes des services de sécurité (NISA) à leur bureau à Mogadiscio. Dans la foulée, les studios de la télévision ont fait l'objet d'un raid par la NISA qui a fermé le média pour une durée indéterminée. Selon des informations collectées par les organisations de défense des journalistes sur place, le procureur général aurait donné 21 jours à la NISA pour mener son enquête, période pendant laquelle les journalistes demeureront dans la prison de Godka Jilacow, et ne pourront être présentés à un juge. On leur a également refusé l'accès à un avocat. Pour expliquer ce coup de force, les analystes locaux évoquent la diffusion des propos de deux députés dans l’émission Doodwadaag (Le Débat), très populaire dans le pays, le 30 septembre 2015. Les élus avaient fait mention de la motion de défiance parlementaire lancée contre le gouvernement ainsi que de la présence de troupes éthiopiennes en Somalie au sein de la mission de l'Union africaine dans le pays. Des propos qui ont déplu au plus haut niveau de l’Etat qui ne tolère pas la médiatisation de sujets sensibles, tels que la contestation du gouvernement ou le fait d’évoquer l’historique des relations entre l’Ethiopie et la Somalie. Des suppositions confirmées par la déclaration du ministre de l'Information, Maxamuud Cabdi Xasan Bekos , qui a déclaré samedi lors d'une conférence de presse que "Universal TV a reçu plusieurs avertissements des forces de sécurité de cesser la propagande anti-gouvernementale et elle les a ignorés. Ils (les journalistes) ont été arrêtés et seront présentés à la justice bientôt". "La détention de ces deux journalistes est une mesure absolument illégale et constitue une violation des principes de liberté de l’information et d'expression, pourtant inscrits dans la Constitution, déclare Reporters sans frontières. Ces actes arbitraires envoient un message très inquiétant à tous les médias alors qu'ils auront un rôle crucial à jouer dans le débat démocratique à la veille des élections de 2016. Nous demandons au gouvernement somalien la remise en liberté immédiate de ces journalistes et la réouverture des studios de la télévision." La fermeture des médias qui dérangent est une pratique courante du gouvernement somalien. En août 2014, la radio Shabelle avait fait l'objet d’un déguerpissement de la part des autorités qui voulaient récupérer ses locaux. Installée ailleurs, elle a de nouveau été fermée et plusieurs de ses employés emprisonnés en avril 2015, après avoir diffusé le discours d’un porte-parole de la milice islamiste Al Shabaab. Avec 37 journalistes tués depuis 2010, sans que des enquêtes crédibles ne soient ouvertes, la Somalie est l'un des pays les plus dangereux du continent pour la profession. En octobre 2013, l'un des journalistes d'investigation de Universal TV, Mohamed Mohamud, succombait à ses blessures, assassiné de six balles tirées à bout portant. La Somalie occupe la 172e place sur 180 pays dans le Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Vendredi 2 octobre, Ali Dahir Salad, présentateur de l’émission Doodwadaag (Le Débat) et Abdullahi Hersi Kulmiye, directeur de l’antenne Afrique de l'Est de Universal TV, chaîne d’information basée à Londres traitant de la Corne de l’Afrique, ont été arrêtés, sans mandat, par les hommes des services de sécurité (NISA) à leur bureau à Mogadiscio. Dans la foulée, les studios de la télévision ont fait l'objet d'un raid par la NISA qui a fermé le média pour une durée indéterminée. Selon des informations collectées par les organisations de défense des journalistes sur place, le procureur général aurait donné 21 jours à la NISA pour mener son enquête, période pendant laquelle les journalistes demeureront dans la prison de Godka Jilacow, et ne pourront être présentés à un juge. On leur a également refusé l'accès à un avocat. Pour expliquer ce coup de force, les analystes locaux évoquent la diffusion des propos de deux députés dans l’émission Doodwadaag (Le Débat), très populaire dans le pays, le 30 septembre 2015. Les élus avaient fait mention de la motion de défiance parlementaire lancée contre le gouvernement ainsi que de la présence de troupes éthiopiennes en Somalie au sein de la mission de l'Union africaine dans le pays. Des propos qui ont déplu au plus haut niveau de l’Etat qui ne tolère pas la médiatisation de sujets sensibles, tels que la contestation du gouvernement ou le fait d’évoquer l’historique des relations entre l’Ethiopie et la Somalie. Des suppositions confirmées par la déclaration du ministre de l'Information, Maxamuud Cabdi Xasan Bekos , qui a déclaré samedi lors d'une conférence de presse que "Universal TV a reçu plusieurs avertissements des forces de sécurité de cesser la propagande anti-gouvernementale et elle les a ignorés. Ils (les journalistes) ont été arrêtés et seront présentés à la justice bientôt". "La détention de ces deux journalistes est une mesure absolument illégale et constitue une violation des principes de liberté de l’information et d'expression, pourtant inscrits dans la Constitution, déclare Reporters sans frontières. Ces actes arbitraires envoient un message très inquiétant à tous les médias alors qu'ils auront un rôle crucial à jouer dans le débat démocratique à la veille des élections de 2016. Nous demandons au gouvernement somalien la remise en liberté immédiate de ces journalistes et la réouverture des studios de la télévision." La fermeture des médias qui dérangent est une pratique courante du gouvernement somalien. En août 2014, la radio Shabelle avait fait l'objet d’un déguerpissement de la part des autorités qui voulaient récupérer ses locaux. Installée ailleurs, elle a de nouveau été fermée et plusieurs de ses employés emprisonnés en avril 2015, après avoir diffusé le discours d’un porte-parole de la milice islamiste Al Shabaab. Avec 37 journalistes tués depuis 2010, sans que des enquêtes crédibles ne soient ouvertes, la Somalie est l'un des pays les plus dangereux du continent pour la profession. En octobre 2013, l'un des journalistes d'investigation de Universal TV, Mohamed Mohamud, succombait à ses blessures, assassiné de six balles tirées à bout portant. La Somalie occupe la 172e place sur 180 pays dans le Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016