"Nous filtrons plus de 10 millions de sites", a déclaré, le 11 septembre 2006, le directeur technique de la société iranienne en charge de la censure d'Internet. Cette affirmation est difficilement vérifiable, mais Reporters sans frontières a pu effectivement constater une augmentation du filtrage depuis le début de l'été 2006. Les sites traitant de la condition de la femme semblent particulièrement visés par les services de la censure.
"Au nom de la 'moralité', le Web iranien est purgé de toute information indépendante, de toute opposition politique et de toute information sur les droits ou la condition de la femme. Les dirigeants du pays, le président Mahmoud Ahmadinejad en tête, savent en revanche très bien tirer parti du Réseau pour diffuser leurs opinions politiques, notamment au travers de leurs weblogs personnels. A l'heure où le gouvernement ferme les derniers journaux un tant soit peu indépendants, ce regain de censure du Net n'a rien d'étonnant. Les autorités cherchent à isoler toujours plus leurs citoyens du reste du monde, afin d'asseoir leur autorité et d'exacerber l'hostilité de la population vis-à-vis de l'étranger. Nous soutenons les efforts de la communauté des bloggers iraniens pour faire circuler malgré tout une information non censurée", a déclaré l'organisation.
Esmail Radkani, directeur technique de la Société Information et technologies, qui gère le filtrage de l'Internet iranien, a déclaré dans une interview accordée au site d'informations
Citna, le 11 septembre 2006 : "Nous filtrons plus de 10 millions de sites. Chaque mois nous ajoutons un millier de publications en ligne à notre liste noire, sur demande des autorités compétentes. Nous disposons également d'un logiciel qui entre chaque jour automatiquement de 200 à 300 sites interdits à notre base de données". Il a par ailleurs précisé que plus de "90% des sites sont filtrés en raison de leur caractère "immoral".
En Iran, le filtrage d'une publication en ligne ne peut être décidé, en théorie, que par la justice ou par le "comité en charge de déterminer les sites non autorisés". Cet organisme, créé en 2002, regroupe des représentants du ministère de la Culture, des Renseignements et de la Radio-télévision, ainsi que des membres du Conseil de la révolution culturelle.
Depuis le début de l'été, de nombreux sites féministes ont été ajoutés à la liste des sites interdits. Par exemple, une semaine après une manifestation demandant des réformes constitutionnelles favorables aux droits de la femme, en juin dernier, les sites féministes
Zanestan et
Canon Zeman Iran ont été bloqués. Ils sont toujours inaccessibles dans le pays. Les censeurs ont même filtré les décrets islamiques portant sur les femmes publiés sur le site de l'
ayatollah Saanei, un ancien responsable de la justice iranien.
La censure touche également les publications d'information, comme par exemple
Iranema, censurée depuis début août. Un mois plus tard, son responsable a décidé de fermer son site, indiquant dans son dernier éditorial qu'il ne voulait pas "mettre en danger ses collaborateurs". De même, une organisation de défense des droits de l'homme au kurdistan iranien fondée par le journaliste Mohammad Sedigh Kabovand a vu son site (www.insaniyet.com) bloqué peu avant l'été.
Le gouvernement a suspendu récemment plusieurs journaux dont la ligne devenait dérangeante, comme par exemple le quotidien conservateur
Shargh, fermé le 11 septembre.
Le président Mahmoud Ahmadinejad, considéré par Reporters sans frontières comme un prédateur de la liberté de la presse, comme d'autres dirigeants de la République islamique, tient un blog depuis quelques mois :
http://www.ahmadinejad.ir.
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