Les autorités poursuivent leur entreprise de criminalisation de la presse d'opposition

Le 11 novembre 2007, le tribunal du district de Yasamal (Bakou) a ordonné le placement en détention préventive pour deux mois du rédacteur en chef du quotidien d'opposition Azadlig, Ganimat Zahidov, après sa mise en examen pour “hooliganisme aggravé” (article 127.2.3 du code pénal). Le journaliste attendra donc en cellule la tenue de son procès. S'il est reconnu coupable, il risque jusqu'à cinq ans de prison. “Reporters sans frontières s'insurge contre une décision qui confirme que dans l'esprit des autorités azerbaïdjanaises, la presse d‘opposition est avant tout assimilée à une entreprise criminelle. Toutes les méthodes, mêmes les plus scandaleuses, sont utilisées pour punir les journalistes qui osent critiquer le Président ou ses proches“, a déclaré Reporters sans frontières. “Nous demandons à la justice de procéder à un examen scrupuleux des faits qui se sont déroulés le 7 novembre dernier. En particulier, nous souhaitons que tous les témoins de la scène soient entendus, en raison du caractère contradictoire des deux versions des faits. Le précédent de la condamnation de Sakit Zahidov, le frère cadet de Ganimat Zahidov, nous fait craindre qu'il s‘agisse d'un coup monté”, a conclu Reporters sans frontières. Le 10 novembre 2007, Ganimat Zahidov, frère aîné de Sakit Zahidov, écrivain et journaliste d'Azadlig condamné à trois ans de prison sous l'accusation fallacieuse de trafic de drogue, a été convoqué au poste de police du district de Yasamal, pour y être entendu en qualité de témoin à la suite d'une plainte déposée contre lui. Vers 18 heures, le journaliste a été placé en garde à vue. Le lendemain, il a été présenté au juge, Tahir Ismailov. A 20 heures, son placement en détention préventive a été ordonné. Le procès du rédacteur en chef devrait se tenir dans deux mois. Un certain Vusal Hasanov accuse Ganimat Zahidov de l'avoir agressé, le 7 novembre dernier. De son côté, le journaliste conteste cette version des faits et affirme qu'il est victime d'un coup monté. Le 7 novembre, vers 15 heures 30, Ganimat Zahidov se rendait à la maison d'édition “Azerbaïdjan”. Alors qu'il approchait du bâtiment, il a aperçu une jeune femme (identifiée plus tard comme Sevgilade Guliyeva) stationnant dans les escaliers menant à la maison d'édition. Au passage du journaliste, elle a commencé à crier et à accuser le journaliste de l'avoir insultée. A ce moment, un homme, Vusal Hasanov, a pris à parti Ganimat Zahidov, l'a attrapé par la veste et l'a invectivé en criant “qui es-tu pour importuner cette fille ?” . Le journaliste a voulu le repousser et les deux hommes ont commencé à se battre. Grâce au soutien de témoins présents, Vusal Hasanov et la jeune femme ont battu en retraite et se sont engouffrés ensemble dans un taxi. Au moment d'y monter Vusal Hasanov aurait crié au journaliste : “Tu vas voir !”. Le jour même, Ganimat Zahidov avait relaté cet incident à Reporters sans frontières et déclaré qu'il s'agissait d'une provocation à la suite d'articles dénonçant la corruption de la femme du président Ilham Aliev ou encore les infractions au code de la route de parents du chef de l'Etat, dont le dernier était paru ce jour-là. Dans un communiqué publié le 12 novembre, l'Institute for Reporters Freedom and Safety faisait état d'informations parues dans la presse, non confirmées à ce jour, selon lesquelles Vusal Hasanov et Sevgilade Guliyeva auraient délibérément pris part à cette provocation contre le journaliste et se seraient retrouvés, avant le 7 novembre, pour orchestrer l'incident. Huit journalistes sont actuellement emprisonnés en Azerbaïdjan, qui est au 139e rang du classement mondial 2007 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016