Les autorités limitent par la force la couverture des manifestations populaires

Les autorités continuent de répondre par la violence aux mouvements de protestation se poursuivent en Libye et au Yémen. Elles n’hésitent pas à réprimer les journalistes venus couvrir les manifestations, cherchant à empêcher la diffusion des images de revendications populaires.

Yémen

Trois agents des forces de sécurité en civil, circulant à bord d’un véhicule équipé plaques d’immatriculation de la police, ont pris d’assaut le siège du Syndicat des journalistes à Sanaa, dans la matinée du 26 février 2011, insultant et menaçant les journalistes présents sur place. Le responsable du Syndicat, Marwan Damaj, déclare avoir porté plainte auprès des services du ministère de l’Intérieur qui nie toute implication dans cet incident. Une équipe de la chaîne Al-Jazeera a été empêchée de filmer le sit-in organisé le 26 février sur la place du Changement à Sanaa. Selon la chaîne qatarie, les autorités yéménites ont demandé que ses correspondants, Abdulhaq Sadah et Ahmed Zaidan, quittent le pays immédiatement. D’après Al-Jazeera, c’est la deuxième fois que le gouvernement yéménite tente d'interdire à ses deux journalistes de couvrir les manifestations anti-gouvernementales qui ont lieu dans plusieurs villes yéménites . Le 26 février, le site indépendant d’informations locales Al-Masdar Online, une des plus visités du pays, a été bloqué par le gouvernement, et ce pour la cinquième fois. Ce site avait largement couvert les récentes manifestations à Aden, Sanaa et dans d’autres gouvernorats, accompagnant ses rapports de vidéos. Selon un communiqué du journal, le site a, dans le passé, fait l’objet de nombreuses tentatives de piratage. Le 25 février, les forces de sécurité de la province d’Aden ont agressé physiquement un caméraman de la chaîne de l’opposition, Sahil, et ont interpellé les journalistes Marzaq Yassin, Abdelrahman Anis, Bassem Sha’bi et Fares Jalal alors qu’ils couvraient une manifestation. Reporters sans frontières salue la position ferme de Navi Pillay, Haut Commissaire pour les droits de l'homme des Nations unies, qui a déclaré, le 1er mars 2011, dans un communiqué: “Les autorités doivent libérer tous les individus arrêtés pour avoir manifesté pacifiquement, et les défenseurs des droits humains et les journalistes doivent être protégés dans l'exercice de leur travail important.”

Libye

Le signal du satellite Nilesat, diffusant entre autres les chaînes Al-Hurra, Al-Jazeera et Al-Arabiya, est brouillé depuis le 23 février. Ces chaînes ont permis de couvrir en direct les récents événements et ont rendu possibles des témoignages par téléphone. Plusieurs journalistes étrangers ont pu entrer en Libye via la frontière égyptienne. Les autorités libyennes continuent toutefois d’imposer un black-out de l’information sur les événements, pointant régulièrement du doigt les médias étrangers. Le 21 février, Mouammar Kadhafi qualifiait les télévisions étrangères de "chiens errants”. Les professionnels de l’information, entrés "illégalement en Libye", sont considérés par les forces pro-Kadhafi comme des agents travaillant pour Al Qaida, a déclaré le ministre des Affaires étrangères.

Bande de Gaza

De nombreux journalistes ont été empêchés, par les forces de l’ordre, de couvrir un sit-in organisé le 28 février dernier par des jeunes sur la place du Soldat inconnu, dans le quartier de Rimal, à Gaza, appelant à la réconciliation entre Palestiniens. Aucun photographe n’a pu être autorisé à prendre des photos. Une campagne intitulée “le peuple veut la fin des divisions” a été lancée sur Facebook.
Publié le
Updated on 20.01.2016