Les autorités iraniennes sont responsables de la mort de Siamak Pourzand

Reporters sans frontières est profondément attristée par le décès du journaliste Siamak Pourzand, 80 ans, importante figure culturelle en Iran. Détenu et placé en liberté surveillée pendant dix ans, interdit de quitter le pays, séparé de sa famille, Siamak Pourzand s’est suicidé le 29 avril 2011 à Téhéran. Nous tenons les autorités iraniennes pour responsables de ce geste de désespoir. Malgré les nombreuses demandes de sa famille et de différentes organisations de défense des droits de l’homme, parmi lesquelles Reporters sans frontières, auprès des autorités iraniennes, jamais les présidents Mohammad Khatami et Mahmoud Ahmadinejad, ni les responsables de la justice, les Ayatollahs Mahmoud Hachemi Chahroudi et Sadegh Larijani, n’ont intercédé en faveur de ce journaliste. La mort de Siamak Pourzand rappelle que le régime iranien est l’un des plus violents au monde contre les journalistes. Nous adressons nos sincères condoléances à la famille de Pourzand, à ses filles et à sa femme, l’avocate Mehranghiz Kar, ainsi qu’à ses confrères. Siamak Pourzand avait commencé sa carrière en 1952 avec le journal Bakhtar Emroz. Jusqu’à la révolution de 1978, il avait travaillé pour plusieurs revues de cinéma, comme Paik Cinéma ou Sepid va siah, Ferdossi. Après la prise du pouvoir l’Ayatollah Khomeyni, il avait été expulsé du journal Kyhan. Malgré les pressions, il avait poursuivi sa collaboration avec des journaux indépendants, avant de prendre la direction du centre artistique et culturel de Téhéran. Il avait travaillé comme commentateur culturel pour plusieurs journaux réformistes après l’arrivée au pouvoir du président réformateur Mohammad Khatami en 1997. Le 29 novembre 2001, Siamak Pourzand avait été enlevé en pleine rue par les forces de sécurité. Durant les quatre premiers mois de sa détention, dont le lieu était demeuré secret, il n’avait pu avoir accès ni à un avocat ni à des soins médicaux. Resté des mois en cellule d’isolement, il avait subi de fortes pressions psychologiques et fait l’objet d’actes de torture, afin de l’obliger à faire des aveux à la télévision. Acceptant toutes les charges retenues contre lui, le journaliste avait déclaré qu’il n’avait pas à se défendre. Le 3 mai 2002, il avait été condamné à onze ans de prison pour "espionnage et action contre la sécurité de l’Etat" et "liens avec des monarchistes et des contre-révolutionnaires". Cette condamnation avait été confirmée par la cour d’appel de Téhéran, le 7 juillet 2002. Dans une lettre publique en 2003, sa femme avait rappelé "qu’il est maintenu en isolement dans les sous-sols de la prison d’Evin. Selon le diagnostic du 30 juillet 2003 de l’hôpital Imam Khomeyni de Téhéran, il souffre d’arthrose au cou et de problèmes discaux préoccupants nécessitant une opération." Ces dernières années, Siamak Pourzand a passé sa vie entre sa résidence surveillée et les hôpitaux, toujours menacé par les interrogateurs du ministère des Renseignements. Il était un témoin direct des crimes commis par les autorités dans les prisons iraniennes. C’est pour cette raison qu’elles lui refusaient de sortir du pays. Le 8 mars 2003, il avait téléphoné à sa fille aux Etats-Unis pour lui confirmer l’ouverture de son nouveau procès. Il avait ajouté : "Désormais, vous pouvez me compter parmi les morts." Plusieurs journalistes sont actuellement emprisonnés ou “en liberté conditionnelle” en échange d’une lourde caution. Malades, ils sont privés de soins nécessaires. Reporters sans frontières appelle à l’envoi urgent du rapporteur spécial sur la question des droits de l’homme en Iran, comme décidé par la résolution votée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, le 24 mars 2011.
Publié le
Updated on 20.01.2016