Les autorités irakiennes invoquent l’argument sécuritaire pour interdire la couverture, en direct, d’une manifestation par les chaînes satellitaires

Reporters sans frontières condamne la décision du commandement militaire de Bagdad d’interdire la retransmission en direct de la manifestation organisée, le vendredi 25 février 2011, place Tahrir à Bagdad. L’organisation soutient les médias irakiens dans leur protestation contre cette mesure de censure. Au cours d’une conférence de presse organisée le 23 février, le porte-parole du commandement militaire de Bagdad, le général Qassem Atta, a annoncé l’interdiction, pour les chaînes satellitaires, de retransmettre la manifestation organisée dans la capitale irakienne, pour des raisons de sécurité. Il a déclaré qu’aucun véhicule ne serait autorisé à proximité du cortège, afin de prévenir tout risque d’attentat à la voiture piégée. Or, les chaînes satellitaires utilisent nécessairement des studios mobiles (SNG) pour retransmettre en direct leurs images. « Les autorités utilisent clairement l’argument sécuritaire pour empêcher la couverture en direct de ces manifestations. Cette mesure de censure vise à cacher aux Irakiens et au reste du monde l’ampleur du mécontentement. Elle bafoue le droit des journalistes à exercer leur travail de manière libre », a déclaré Reporters sans frontières. L’organisation s’inquiète également de la multiplication des attaques contre les médias de la part des forces de l’ordre censées les protéger au cours des dernières 48 heures. Le journaliste Muntazer Al-Zaïdi a été arrêté ce 24 février, alors qu’il essayait de tenir une conférence de presse devant la mosquée Abu Hanifa située dans le quartier Adhamiyah à Bagdad. Reporters sans frontières exhorte les autorités irakiennes à le libérer immédiatement. En outre, Issam Al-Husseini, président du conseil d’administration du magazine Médias, a déclaré dans un communiqué de presse diffusé par l'agence de presse Nina que des forces de sécurité avaient pris d'assaut le siège de la revue, situé dans le centre de capitale, le 23 février. Aucune justification n’a été fournie aux responsables du journal. Dans sa déclaration, il explique que le magazine est spécialisé dans les questions liées à la jeunesse et à la culture, et ne traite pas de l’actualité politique. De son côté, le centre des médias à Bagdad a également été pris d’assaut, sans qu’aucun mandat n’ait été délivré. Les forces de sécurité ont cassé les portes et confisqué les archives. Ce centre propose des séminaires pour la formation et le développement des médias irakiens. Le 23 février toujours, le siège du réseau ‘Ayn (œil), situé dans le quartier Karrada dans le centre de Bagdad, a également été attaqué par des forces de sécurité conjointes – armée et police -, à laquelle des civils armés étaient également associés. Une partie du matériel de cette organisation, spécialisée dans le monitoring des élections en Irak, a été saisi, dont des documents relatifs aux dernières élections législatives de mars 2010. Reporters sans frontières rappelle que, le 23 février, le siège du Journastic Freedom Observatory a également fait l’objet d’un raid criminel de la part de forces de sécurité « privées », vêtus d’uniformes de l’armée.
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Updated on 20.01.2016