Reporters sans frontières dénonce les procédés de certains hommes politiques locaux qui tentent de soumettre les médias ou d'intimider les journalistes. Ces pratiques, constantes dans le pays, appellent une réponse claire des autorités pour y mettre fin.
Reporters sans Frontières est très préoccupée par les menaces et les boycotts publicitaires dont ont fait l'objet des journalistes et des médias ces derniers jours dans les États de Puebla (Sud), Guanajuato (Centre) et Yucatán (Sud-Est), entre les 5 et 9 juillet 2007, Ces attaques, révélées par le Centre de journalisme et d'éthique publique (CEPET), sont autant le fait de politiciens locaux que de groupes mafieux et soulignent les pressions permanentes qui pèsent sur la presse mexicaine.
“Une fois de plus, des policitiens abusent de leur position pour tenter de soumettre des médias et des journalistes. Certaines de ces affaires interviennent dans deux États où l'attitude du pouvoir local envers les médias a déjà été mis en cause. Nous attendons des autorités fédérales des actes pour faire respecter la liberté de la presse là où les autorités locales et les groupes mafieux s'emploient à la restreindre”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste Daniel Méndez Najar, ancien du quotidien régional Suma, a déclaré, le 5 juillet 2007, avoir fait l'objet de menaces de mort de la part de José Zavala Antona, membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et candidat pressenti au poste de maire d'Atlixco (État de Puebla). Le politicien aurait mal supporté les révélations dans la presse du contenu de ses conversations avec le gouverneur de l'État, Mario Marín, issu du même parti. Daniel Méndez Najar affirme avoir reçu des intimidations constantes par téléphone et courrier électronique, depuis la publication de l'article.
Mario Marín s'est tristement fait connaître pour sa participation présumée à des persécutions contre la journaliste indépendante Lydia Cacho. Cette dernière avait mis en cause ses liens présumés avec un réseau pédophile dans un livre publié en 2004. En représailles, le gouverneur avait ordonné, en 2005, l'arrestation et le transfert de la journaliste vers l'État de Puebla, réalisés dans des conditions plus que suspectes. L'affaire a été portée cette année devant la Cour suprême de justice de la Nation (SCJN), dont le jugement reste en suspens.
À Guanajuato, le quotidien a.m. a dénoncé publiquement, les 8 et 9 juillet 2007, le boycott publicitaire ordonné contre lui par le gouverneur de l'Etat, Juan Manuel Oliva Ramírez, membre Parti d'action nationale (PAN, parti du président Felipe Calderón). L'octroi ou la rétention de fonds publics dans le but d'influencer un média est interdite par la Convention interaméricaine des droits de l'homme. De nombreux lecteurs d'a.m. ont vivement réagi à ce procédé.
En janvier dernier, Reporters sans frontières avait relaté des pratiques de fichage de la presse locale par la municipalité de Celaya, toujours dans l'État de Guanajuato (cf. communiqué du 25 janvier 2007)
Des menaces de mort visant le journaliste Mario Renato Menéndez Rodríguez, directeur et propriétaire du quotidien régional Por Esto ! , ont été révélées, le 9 juillet, par un député fédéral du Yucatán. Dans un article, le journaliste avait affirmé que sa tête était mise à prix par le chef d'une mafia locale, “El Negro Chalé” pour la somme d'environ 300 000 euros. Reporters sans Frontières avait déjà manifesté son inquiétude, après une série d'attentats contre la rédaction de Por Esto ! en septembre 2006.
Les autorités fédérales ont également été montrées du doigt, le 11 juillet 2007, par des auditeurs et des journalistes qui ont manifesté contre l'arrêt de l'émission d'information “Monitor”, programmée depuis trente-trois ans sur plusieurs stations. José Gutiérrez, le responsable du programme, a dénoncé un blocus économique orchestré par l'administration de l'ancien président fédéral Vicente Fox contre l'émission. En 2004, les tribunaux s'étaient prononcés en faveur du Grupo Monitor, qui produit le programme, dans le litige qui l'opposait au groupe Radio Centro, dirigé par la famille d'un proche de l'ancien président Vicente Fox.
Pays classé parmi les plus dangereux de la planète pour les journalistes, le Mexique compte deux tués et deux disparus dans les rangs de la presse depuis le début de l'année 2007.