Les assassins de Francisco Javier Ortiz Franco courent toujours…

Reporters sans frontières se félicite de l'arrestation, le 4 août 2005, de Ray del Billar, membre du cartel de drogue de Tijuana et suspect dans l'assassinat de Francisco Ortíz Franco (photo), éditorialiste de l'hebdomadaire Zeta, le 22 juin 2004. L'organisation demande aux autorités judiciaires un procès et une peine exemplaires.

Jesús Blancornelas, directeur de l'hebdomadaire Zeta, a démenti dans un article publié le 9 août 2005 par le quotidien Crónica, que le narcotrafiquant Ray del Billar, arrêté le 4 août à Tijuana, soit l'assassin de Francisco Javier Ortiz Franco. Le directeur de Zeta a affirmé avoir reçu cette information de José Santiago Vasconcelos, procureur adjoint de la République. Selon Jesús Blancornelas, Ray del Billar n'est qu'un « voyou sans importance » alors que l'assassin du journaliste, lui, n'aurait pas hésité à tuer les policiers avant de se laisser arrêter. Le directeur de Zeta ajoute que la culpabilité de Ray del Billar dans la mort de Francisco Javier Ortiz Franco ne correspond pas à sa propre hypothèse. Il privilégie en effet la piste d'un certain Lazcano, membre des « Zetas », groupe d'anciens policiers ou militaires reconvertis en mercenaires. ________________________________________________________ 05.08.05 - Un membre du cartel de Tijuana avoue avoir assassiné Francisco Javier Ortíz Franco
Reporters sans frontières se félicite de l'arrestation de Ray del Billar, membre du cartel de la drogue de Tijuana dirigé par les frères Arellano Félix et assassin présumé de Francisco Javier Ortíz Franco. L'organisation reste attentive aux suites de l'enquête et demande aux autorités judiciaires un procès et une peine exemplaires. Ray del Billar a été arrêté le 4 août 2005 à Tijuana avec sept autres trafiquants. Les criminels rentraient d'une discothèque du centre-ville, dans une Cadillac immatriculée en Californie, quand ils ont été repérés par le groupe policier de coordination de Basse- Californie dans le cadre du plan « Mexico seguro » (« Mexique sécurisé »), mis en place par le gouvernement mexicain en juin 2005 pour faire face à la nouvelle vague de violence qui frappe le nord du pays. La Cadillac a alors pris la fuite, engageant une poursuite qui s'est soldée par l'arrestation des trafiquants. Ray del Billar, âgé de 23 ans et surnommé « El Rey », a avoué avoir participé à l'assassinat de Francisco Javier Ortíz Franco, éditorialiste de l'hebdomadaire Zeta, qui avait été commis par une cellule du cartel de Tijuana, dirigée par Arturo Villarreal Heredía dit « El Nalgón », à laquelle il appartenait alors. Les autorités judiciaires fédérales mexicaines, qui traitent les affaires liées au crime organisé, étaient sur la piste des trafiquants depuis le mois d'août 2004. Francisco Ortiz Franco a été assassiné le 22 juin 2004, devant ses deux enfants, alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui. Il était connu pour ses articles et reportages sur la corruption et le narcotrafic. ________________________________________________________ 20.08.04 - L'enquête sur le meurtre d'Ortiz Franco confiée à la justice fédérale
Le 18 août 2004, lors d'une conférence de presse à Tijuana, le sous-procureur général de la République, José Luis Vasconcelos, et le procureur général de Basse Californie, Antonio Martínez Luna, ont annoncé que l'assassinat du journaliste Francisco Javier Ortiz Franco était imputable au cartel de la drogue des frères Arellano Félix. L'enquête a donc été confiée aux autorités judiciaires fédérales mexicaines qui traitent les affaires liées au crime organisé.
Deux mois après la mort du journaliste, aucun suspect n'a été désigné par le parquet local. Le 22 juillet, l'hebdomadaire Zeta avait dressé une liste des personnes soupçonnées d'avoir "organisé ou ordonné l'assassinat d'Ortíz Franco", au sein de laquelle figurait Jorge Hank Rhon, élu le 1er août 2004 maire de Tijuana. Selon José Luis Vasconcelos, bien que la piste du narcotrafic soit privilégiée, l'élu reste suspect. ------------------------------------------------------------------------ 20.07.2004 - Zeta dresse une liste des suspects dans l'assassinat d'Ortíz Franco
Après un mois d'enquête, l'hebdomadaire Zeta a dressé le 22 juillet une liste des personnes suspectées d'être impliquées dans le meurtre du journaliste Francisco Javier Ortíz Franco, tué le 22 juin à Tijuana. Trois suspects sont désignés par l'hebdomadaire pour avoir "organisé ou ordonné l'assassinat d'Ortíz Franco". Il s'agit de Jorge Hank Rhon, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) à la mairie de Tijuana, Arturo Villareal dit " El Nalgón" et Eduardo Ronquillo dit "El Niño", tous deux membres du cartel des frères Arellano Félix. Trois personnes sont suspectées d'avoir participé au meurtre du journaliste: Heriberto Lazcano Lazcano dit "El Lazca", membre du groupe "Los Zetas" ; Eduardo Ronquillo dit " El Niño" ; et Armando Gálvez Flores, appartenant au groupe "Barrio Logan". Zeta précise que deux informateurs présumés du journaliste, David Valle et José Encinas Filatoff -un ex-policier de Tijuana-, lui auraient confié des informations compromettantes concernant les narcotraficants locaux. Le parquet de l'Etat de Basse-Californie enquête par ailleurs sur la possible implication d'agents de la police dans le meurtre du journaliste. Selon Jésus Blancornelas : "il existe encore au sein de la police de Tijuana des agents de police liés au Cartel Arellano Félix ou à d'autres narcotraficants".
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Le parquet de l'Etat de Basse-Californie enquête sur la possible implication du narcotraficant Carlos Ignacio Acosta Ibarra alias " Big Boy", arrêté le lundi 12 juillet, dans le meurtre de Francisco Javier Ortíz Franco, tué le 22 juin à Tijuana. Le prévenu est considéré comme l'une des personnes clés du cartel des frères Arenallo Felix. Les autorités ont indiqué que l'homme avait déserté, il y a deux ans, son poste de fonctionnaire de police. Il couvrait depuis lors les activités de Efrain Perez Pasuengo alias "El Efra", l'homme de main du cartel des frères Arenallo Félix, aujour'hui incarcéré. Il était l'un des hommes de confiance de Mario Alberto Rivera Lopez alias " El Cris", le chef des tueurs du cartel, arrêté le 24 juin avec sept complices. Le parquet ne rejette cependant pas les pistes envisagées précédemment. ---------------------------------------------------------------------- 05.07.2004 - La direction de Zeta désigne un suspect dans l'assassinat d'Ortíz Franco
Le 2 juillet, le quotidien mexicain Crónica a publié un article dans lequel le directeur de l'hebdomadaire Zeta, Jésus Blancornelas, désigne un suspect dans l'assassinat de Francisco Javier Ortíz Franco, le 22 juin à Tijuana (Etat de Basse-Californie). Selon Jésus Blancornelas, l'auteur du crime serait un certain Lazcano, membre des "Zetas", groupe d'anciens policiers ou militaires reconvertis en mercenaires, formé dans les années 1990 par Osiel Cárdenas Guillén, leader du cartel du Golfe, actuellement emprisonné. Le suspect serait arrivé au début de l'année à Tijuana, avec deux complices. Les pistes privilégiées depuis le départ par Zeta coïncident avec celles retenues pour l'instant par le parquet de Basse-Californie. Celle de Mario Alberto Rivera Lopez, chef du groupe des tueurs du cartel de la drogue des frères Arellano Félix, arrêté le 24 juin avec sept complices, a été abandonnée le 29 juin. Dans son édition du 25 juin, Zeta désignait trois groupes de suspects : les "Zetas" qui auraient agi pour le compte d'Osiel Cárdenas Guillén ; le gang Barrio Logan lié aux frères Arellano Felix; et Jorge Hank Rhon, homme politique du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, opposition), dont l'un des gardes du corps avait été mis en cause dans la mort du journaliste Héctor Felix Miranda, en 1988, sur laquelle Francisco Javier Ortíz Franco enquêtait. Celui-ci faisait partie de la commission d'enquête créée par la Société interaméricaine de presse (SIP) et le gouvernement mexicain il y a quelques mois, pour reprendre le dossier. Dans son article du 2 juillet, Jésus Blancornelas estime que les assassins "ont dû recevoir un ordre pour tuer (Ortíz Franco) et ont été payés pour cela. Pour l'instant, personne ne sait qui sont les commanditaires." Le directeur de Zeta précise qu'"il n'y a pas de confirmation du fait que les assassins ont agi sous les ordres d'Osiel Cárdenas Guillén ni des frères Arellano Felix". Quant aux motifs, selon Jésus Blancornelas, Ortíz Franco s'apprêtait à faire de nouvelles révélations sur les narcotraficants. Un informateur du journaliste lui aurait confié des éléments si compromettants qu'un groupe mafieux aurait décidé de le faire taire. Il assure que "les frères Arellano connaissent l'identité de l'assassin". D'autre part, Jésus Blancornelas estime qu'"il ne fait aucun doute qu'au sein du parquet de l'Etat de Basse-Californie, on sait qui sont les responsables". Selon lui, le suspect désigné et ses complices sont en fuite et se cachent. Pour le directeur de Zeta, l'enquête a été ralentie par la nomination d'un juge spécial et la prise en main de l'affaire par l'Unité spécialisée contre le crime organisé (UECO), une semaine après le crime. Le 29 juin 2004, le parquet de Basse-Californie avait en effet désigné Alonso Méndez, membre de l'UECO, comme juge spécialement chargé de l'enquête. Le parquet a également annoncé la participation à l'enquête de l'agence américaine FBI. Une mesure inédite prévoit d'offrir une récompense d'un million de pesos (71 500 euros) à qui fournirait des informations sur ce dossier. Une ligne téléphonique a été ouverte pour les dénonciations anonymes. Pour Jésus Blancornelas, cette récompense est un leurre : "Peu de personnes se risqueront à donner une information pour un million de pesos, sachant qu'elles risquent de se faire tuer à leur tour." Depuis le meurtre de Francisco Javier Ortíz Franco, deux médias de Tijuana ont été menacés. Dans la nuit du 23 juin, le quotidien Frontera avait reçu des menaces de mort par téléphone. Le lendemain, l'hebdomadaire Cicuta recevait ce message : " Vous êtes les prochains sur la liste." ----------------------------------------------------------- 23.06.2004 - Reporters sans frontières indignée par l'assassinat d'un journaliste à Tijuana Reporters sans frontières exprime sa profonde indignation après l'assassinat à Tijuana (nord-ouest du Mexique) de Francisco Javier Ortíz Franco de l'hebdomadaire Zeta. "Nous exprimons notre soutien à toute la rédaction de Zeta, déjà frappée à deux reprises dans le passé pour ses enquêtes sur le trafic de drogue et la corruption", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous sommes d'autant plus inquiets qu'après l'assassinat, le 19 mars dernier, de Roberto Javier Mora García, Francisco Javier Ortíz Franco est le deuxième journaliste qui dénonçait le narcotrafic et la corruption le long de la frontière avec les Etats-Unis à être tué cette année. Comme pour l'affaire Mora García, nous demandons aux autorités d'être tenus informés des avancées de l'enquête que nous suivrons de près afin de nous assurer que la piste professionnelle ne sera pas négligée", a ajouté l'organisation. Francisco Javier Ortíz Franco a été assassiné à Tijuana (Etat de Basse-Californie) le 22 juin 2004 vers midi, alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui. Descendu d'une jeep noire, un homme masqué et armé s'est posté à la hauteur du journaliste alors que celui-ci venait de prendre place dans sa voiture. Il lui a tiré dessus à bout portant, le tuant sur le coup. Le journaliste a reçu quatre balles dans la tête, le thorax et l'épaule gauche. L'auteur des tirs et son complice, tous deux masqués, se sont enfuis dans leur véhicule, retrouvé le soir même par la police à quelques rues du lieu du crime. Francisco Javier Ortíz Franco était accompagné de ses enfants âgés de 8 et 10 ans, qui n'ont pas été blessés. L'hebdomadaire a demandé une enquête approfondie afin de retrouver les meurtriers et responsables de l'assassinat. "Le conseil éditorial ne désigne aucun suspect et n'établit aucune hypothèse tant qu'il ne disposera pas des éléments nécessaires. Légalement, l'affaire reste entre les mains des autorités", a déclaré la revue dans un communiqué publié le jour-même. Le président Vicente Fox a exprimé "sa préoccupation et son indignation". Dans une lettre adressée au directeur de l'hebdomadaire, Jésus Blancornelas, il assure "avoir donné des instructions à toutes les instances fédérales de sécurité afin de collaborer avec les autorités locales". Membre fondateur de l'hebdomadaire Zeta en 1980, âgé de 48 ans, Francisco Javier Ortíz Franco était l'éditorialiste du journal. Il était connu pour ses articles et reportages sur la corruption et le narcotrafic. Il s'agit du troisième attentat contre Zeta. Le 20 avril 1988, le journaliste et cofondateur du journal, Hector Felix Miranda, avait été assassiné. Plus récemment, le 27 novembre 1997, le directeur de l'hebdomadaire, Jésus Blancornelas, avait été blessé lors d'une tentative d'assassinat au cours de laquelle son garde du corps avait trouvé la mort.
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Updated on 20.01.2016