Les arrestations arbitraires et le maintien au secret des prisonniers politiques continuent

Alors qu’Ahmed Shaheed, rapporteur spécial chargé d’examiner la situation des droits de l’homme en Iran, a commencé officiellement sa mission le 1er août dernier. Kouhyar Goudarzi, animateur du blog Kouhyar a été arrêté le même jour, à Téhéran, et sa mère le lendemain dans la ville de Kerman, (sud-est du pays). Reporters sans frontières condamne l’aggravation de la répression en Iran ces dernières semaines. Kouhyar Goudarzi est détenu au secret. Les motifs de son arrestation n’ont toujours pas été divulgués et les responsables judiciaires n’ont donné aucune information sur le lieu de sa détention. Son avocate, Me Mina Jafari, a confirmé son arrestation et a fait part de son inquiétude sur le sort du blogueur. Kouhyar Goudarzi avait été déjà emprisonné en 2010. Le 2 août 2011, sa mère, Parvin Mokhtare, a été arrêtée par quatre individus en civil qui sont entrés de force dans son domicile et l’ont emmenée à la prison centrale de la ville Kerman. Reporters sans frontières rappelle que les arrestations arbitraires et le maintien au secret des prisonniers politiques s’apparentent à des disparitions forcées, selon l’article 2 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, qui interdit « l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’Etat ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’Etat ». Les autorités de Téhéran n’hésitent pas, pourtant, à y recourir de manière généralisée et régulière. Reporters sans frontières condamne l’aggravation continue de la répression en Iran. Les journaux proches du pouvoir ont publié des informations inquiétantes sur l’état de santé de Mir Hossein Mousavi, propriétaire du journal suspendu Kalameh Sabaz, en résidence surveillée depuis le 25 février dernier. Malgré les déclarations rassurantes de ses proches, les conditions de détention de Mir Hossein Mousavi, de son épouse, l’intellectuelle et écrivain à succès Zahra Rahnavard, de Mehdi Karoubi, propriétaire du journal suspendu Etemad Melli, et de sa femme Fatemeh Karoubi, rédactrice en chef de magazine suspendu Iran dokhte, restent préoccupantes. Depuis six mois, ils sont privés de tous leurs droits, en résidence surveillée et sans contact avec le monde extérieur. L'organisation soutient la pétition adressée aux instances internationales, signée par une centaine de personnalités iraniennes, pour la libération immédiate de MM. Mousavi et Karoubi et de leurs épouses. Reporters sans frontières est très préoccupée par leur état de santé. L’organisation demande à la République islamique de mettre un terme à cette situation. Par ailleurs, Mehdi Khazali, animateur du blog Baran a été libéré le 12 août 2011. Il avait été arrêté le 18 juillet 2011, pour la pour troisième fois en moins de deux ans, à l’issue de sa convocation par le ministère des Renseignements à Téhéran. Il avait déjà été arrêté, le 13 octobre 2010, puis libéré le 12 novembre 2010, en échange d’une caution de 200 millions de tomans (150 000 euros). Mehdi Khazali est le fils de l’ayatollah Abolghasem Khazali, membre influent du Conseil des Gardiens de la Constitution iranienne depuis une trentaine d’années. Malgré ses déboires avec la justice, Khazali critique sévèrement, sur son site, la politique gouvernementale et dénonce les exactions du régime.
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Updated on 20.01.2016