Le vrai visage du régime de Téhéran : réprimer sans considération

La répression continue. Un journaliste a été arrêté pour la deuxième fois. Deux femmes journalistes ont été condamnées à des peines de prison, alors que leurs maris se trouvent toujours en détention. La réaction de l’Iran, deux jours après la publication du classement 2010 de la liberté de la presse, placé à la 175e place sur 178, s’est concrétisée par une attaque sauvage contre la maison d’un journaliste, Mohammad Reza Moghisseh, témoin des crimes commis par les forces de l’ordre pendant l’année 2009, et par la condamnation à 30 ans d’interdiction d’exercer le métier de journaliste de Jila Bani Yaghoob. Ces actions confirment la continuité de la politique d’exactions et de discrimination contre la presse. Le 22 octobre 2010, Mohammad Reza Moghisseh, rédacteur en chef de Biste saleha, a été arrêté à son domicile par des agents du ministère des Renseignements et transféré vers un lieu inconnu. Il s’agit de sa deuxième arrestation en un an. Collaborateur de plusieurs médias réformateurs et membre du « Comité de suivi des prisonniers et des menacés après l’élection », lancé à l’initiative de MM. Moussavi et Karoubi, il avait été arrêté le 14 octobre 2009, et a passé plus de 150 jours en isolement de la section 209 de la prison d’Evin. Il avait été libéré le 1er mars 2010 contre le versement d’une caution, dans l’attente de son jugement devant le tribunal d’appel. Le journaliste avait été condamné par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran à six ans de prison. Le 22 octobre 2010, la 54e chambre du tribunal de Téhéran a confirmé la condamnation de la blogueuse et journaliste Jila Bani Yaghoob. Elle avait été informée de sa condamnation par la 26e chambre du tribunal de la Révolution de Téhéran, le 8 juin denier, à un an de prison ferme et 30 ans d’interdiction d’exercer le métier de journaliste. Jila Bani Yaghoob et son mari Bahaman Ahamadi Amoee ont été arrêtés le 20 juin 2009 avec une vingtaine d’autres journalistes pendant les manifestations qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence iranienne. Si elle a été libérée le 24 août 2009, son mari a été, quant à lui, condamné à cinq ans de prison. Jila Bani Yaghoob a été récompensée dans la catégorie « Reporters sans frontières, Liberté d’expression », pour son blog « We are journalists » à l’occasion de la sixième édition du concours international « Best of the Blogs », organisé à Berlin par la Deutsche Welle du 13 au 15 avril 2010. Le 14 octobre 2010, Mahssa Amrabadi a été condamnée à un an de prison ferme par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. La journaliste a été arrêtée le 14 juin 2009, deux jours après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin 2009, libérée le 22 août 2009, contre le versement d’une caution de 200 millions de tomans (soit 150 000 euros). Son mari, 
Masoud Bastani, journaliste au quotidien Farhikhteghan, est toujours en détention à la prison de Rajaishahr. Arrêté le 4 juillet dernier, il a été jugé, comme de nombreux journalistes, dans le cadre des procès « staliniens » organisés à Téhéran depuis août 2009. Le 1er novembre 2009, il a été condamné à six ans de prison par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire. Par ailleurs, Hider Karimi, journaliste de l’hebdomadaire Sina, suspendu depuis décembre 2009, a été libéré le 21 octobre après quatre mois de prison contre le versement d’une caution de 220 millions de tomans (165 000 euros). Le journaliste a été arrêté le 9 juin à son domicile lors d’une perquisition d’agents en civil du ministère des Renseignements dans la ville de Khoy.
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Updated on 20.01.2016