Le site Malaysiakini refuse de céder à la censure

Reporters sans frontières apporte son soutien au site d'informations indépendant Malaysiakini à qui la Commission malaisienne des communications et du multimédia a ordonné, par lettre du 3 septembre 2009, de retirer deux vidéos jugées "offensantes" et qui "auraient pour intention de perturber la population, et surtout les Indiens". Le site conteste cet ordre de censure. La peine encourue pour ce refus est une amende de 50 000 RM (14 325 dollars) et un an de prison. "La rédaction du site Malaysiakini a raison de résister à la censure que tente de lui imposer le gouvernement. Les autorités doivent comprendre qu'il s'agit d'images qui ne font que relater un fait, qui est certes gênant pour certaines autorités, mais ne constitue pas une offense. Nous appelons la Commission à suspendre sa décision du 3 septembre. Plus généralement, nous demandons aux autorités de mettre fin à la censure et de cesser les intimidations qui poussent les journalistes à l'autocensure ", a déclaré Reporters sans frontières. L’ordre a été donné sur la base du "Communication and Multimedia Act" de 1988 interdisant "tout contenu indécent, obscène, faux, menaçant ou offensant avec l’intention de nuire, d’abuser, de menacer ou de harceler une tierce personne". Une enquête a été menée pendant trois jours à l’encontre de Malaysiakini : interrogatoires de toute l’équipe du site, copie des disques durs de deux ordinateurs qui éditent les vidéos en ligne, et demande des vidéos originales. L’éditeur en chef, Steven Gan, a déclaré : "Notre intention n’était pas de nuire, mais de faire notre travail de journalistes." Le site www.malaysiakini.com avait posté deux vidéos uniquement accessibles aux adhérents du site. La première, datant du 28 août 2009, montre une manifestation des résidents musulmans de la péninsule de Malay contre l'installation d’un temple hindou dans leur quartier, crachant et piétinant une tête de vache ensanglantée, animal sacré pour les hindouistes. La seconde vidéo, datant du 2 septembre 2009, reprend des propos du ministre de l’Intérieur, Datuk Seri Hishamuddin Tun Hussein, lors d'une conférence de presse, exhortant les manifestants à ne pas utiliser la violence tout en défendant le droit de manifester. Changeant de position le 3 septembre, le ministre a ordonné des poursuites à l'encontre des manifestants. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement s'en prend au site Malaysiakini. En 2003, le gouvernement avait mené une enquête suite à la publication d’une lettre critiquant le gouvernement (http://www.rsf.org/spip.php?page=article&id_article=4782). En juin 2009, le gouvernement avait temporairement interdit aux journalistes du site de pénétrer dans le Parlement. La Malaisie se situe à la 132e place sur 173, au classement mondial sur la liberté de la presse établi en 2008 par l’organisation.
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Updated on 20.01.2016