Le site le plus populaire de Tanzanie interdit de publication
Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités d’abroger la loi sur le contenu en ligne dont l’application oblige le Jamii Forums, l’un des sites les plus fréquentés du pays, à ne plus publier d’informations sous peine de poursuites criminelles.
L'Autorité de régulation et de communication tanzanienne (TCRA) a interdit toute publication aux sites et blogs qui ne se sont pas conformés à la loi sur le contenu en ligne adoptée en mars dernier à compter du lundi 11 juin. Depuis 24 heures, cela a conduit le Jamii Forums, la plus célèbre plateforme tanzanienne d’informations en ligne, suivie par plus de 526 000 personnes sur Twitter, à ne plus publier de contenu, le site refusant d’appliquer cette loi qui oblige notamment les acteurs du secteur à divulguer l'identité de leurs sources et de leurs contributeurs à la demande des autorités.
Pour être en règle, les propriétaires de sites ou de blogs doivent également s’acquitter d'une licence et de divers frais dont les coûts reviennent à 900 dollars par an en moyenne.
Les contrevenants aux dispositions imposées par la nouvelle loi ont jusqu'au vendredi 15 juin pour régulariser leur situation sous peine d'être soumis à une interdiction définitive de publication et de s'exposer à des poursuites judiciaires. En cas de manquement à leurs obligations, ils risqueront alors la suspension de leur média, une amende pouvant aller jusqu’à 2200 dollars et une peine de prison de 12 mois.
“Certains acteurs de l’information en ligne vont disparaître faute de pouvoir payer le coût exorbitant de la licence. D’autres comme le Jamii Forums à qui les autorités demandent de révéler leurs sources vont peut-être devoir cesser définitivement leur activité en Tanzanie, déplore Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Les autorités tanzaniennes doivent impérativement abroger cette loi et cesser de s’attaquer aux voix critiques qui avaient trouvé refuge sur internet.”
La Tanzanie (93e) a enregistré l’une des plus fortes baisses (-10 places) dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.