Le roi saoudien Salman à Washington : lettre ouverte à Obama
Organisation :
President Barack Obama
The White House
1600 Pennsylania Ave, NW
Washington, DC 20500
Monsieur le Président,
Reporters sans frontières voudrait partager avec vous ses inquiétudes à l’approche de votre rencontre avec le roi d’Arabie Saoudite, Salman Bin Abdul Aziz Al Saud, ce vendredi. Nous vous demandons d’accorder une place centrale dans vos échanges aux violations de la liberté de l’information. Même si vos discussions porteront principalement sur l’accord concernant le nucléaire iranien, nous vous demandons de rappeler l’Arabie Saoudite à son obligation de respecter la liberté de la presse dans le Royaume, ainsi que dans les pays étrangers où elle exerce une influence considérable. L’Arabie Saoudite est 164ème sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2015. Les autorités saoudiennes sont actuellement responsables de l’emprisonnement de huit journalistes, dont un professionnel et sept net-citoyens. Le cas le plus criant est sans aucun doute celui de Raif Badawi. Ce blogueur saoudien a reçu le prix Reporters sans frontières de la liberté de la presse en 2014. Raif Badawi est détenu depuis le 17 juin 2012 pour avoir créé un forum de discussion en ligne. Il a été condamné à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet, une peine qui a été confirmée en juin 2015 et ne peut plus faire l’objet d’appel. Après avoir reçu les 50 premiers coups de fouet en public en janvier 2015, les autorités ont déterminé que son état de santé était trop préoccupant pour continuer et les coups de fouet suivants ont été repoussés depuis lors. Même si ce diagnostique médical l’a épargné jusqu’à aujourd’hui, le fait que l’appel de sa condamnation soit impossible rend la reprise de ce châtiment barbare possible à tout moment. La situation de Raif Badawi n’est qu’un exemple de la réaction brutale de l’Arabie Saoudite à toute voix jugée trop libérale par la famille royale. Waleed Abu al-Khair, l’avocat de Raif Badawi et créateur du Saudi Monitor for Human Rights, a lui-même été arrêté en 2014 avec de vagues - et faux - chefs d’accusation : celui «de monter des organisations internationales contre le Royaume » et « de monter l’opinion publique contre les autorités. » Wajdi Al-Ghazzawi, propriétaire de la chaîne Al-Fajr TV et présentateur/chef du programme « Al-Fadfada », a été condamné à 12 ans de prison en février 2014 pour avoir accusé l’Arabie Saoudite de liens avec le terrorisme, et en particulier avec Al-Qaeda. Il a aussi fait l’objet d’une interdiction d’apparaître dans les médias et de quitter le territoire pendant 20 ans une fois sa peine purgée. Mukhlif Al-Shammari, un autre journaliste, a été condamné à 2 ans de prison et à 200 coups de fouet le 3 novembre 2014. Il a aussi été condamné en juillet 2014 à 5 ans de prison pour la diffusion d’une vidéo sur YouTube de deux jeunes filles qui racontaient de mauvais traitements subis, ainsi que pour d’autres articles écrits dans le passé. Il est resté quelques mois en prison avant d’être libéré, mais il fait toujours l’objet d’une interdiction de publier ou d’apparaître dans les médias et de quitter le territoire pendant 10 ans. Puisque le droit pénal du pays est basé sur la Sharia, tout dépend de l’interprétation des autorités. Ce qui implique que les châtiments barbares et le mauvais traitement des prisonniers sont la règle. De plus, le gouvernement se sert des lois sur la cybercriminalité et le terrorisme pour poursuivre et emprisonner les journalistes et net-citoyens, tout en contrôlant de très près les informations en ligne et les médias indépendants. Reporters sans frontières a demandé aux autorités saoudiennes à maintes reprises de libérer les journalistes et autres défenseurs des droits de l’Homme en écrivant des lettres aux membres de la famille royale saoudienne et à d’autres chefs d’Etat étrangers. Dans une lettre envoyée aux autorités saoudiennes en juillet, écrite en collaboration avec d’autres organisations de défense des droits de l’Homme, nous avons souligné notre crainte que la situation des défenseurs des droits de l’Homme détenus en Arabie Saoudite soit contraire à l’ensemble des règles de base sur le traitement des détenus de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons alors rappelé que « toutes lois qui limitent ou restreignent de façon illégale la liberté de l’expression dans les médias traditionnels ou des réseaux sociaux » devraient être abolies. Aucune des organisations signataires de cette lettre n’a reçu une réponse de la part des autorités saoudiennes. Nous vous demandons de presser le roi sur ces questions essentielles pendant vos discussions ce vendredi. En tant que partenaire stratégique des États-Unis dans le Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite doit prendre vos préoccupations sur les droits de l’Homme au sérieux et commencer à initier des changements. L’Arabie Saoudite doit libérer immédiatement tous les journalistes en prison et lever toutes les accusations portées contre eux. Je vous remercie d’avance, Monsieur le Président, pour l’attention que vous accordez à cette lettre.
Christophe Deloire
Secrétaire général
The White House
1600 Pennsylania Ave, NW
Washington, DC 20500
Monsieur le Président,
Reporters sans frontières voudrait partager avec vous ses inquiétudes à l’approche de votre rencontre avec le roi d’Arabie Saoudite, Salman Bin Abdul Aziz Al Saud, ce vendredi. Nous vous demandons d’accorder une place centrale dans vos échanges aux violations de la liberté de l’information. Même si vos discussions porteront principalement sur l’accord concernant le nucléaire iranien, nous vous demandons de rappeler l’Arabie Saoudite à son obligation de respecter la liberté de la presse dans le Royaume, ainsi que dans les pays étrangers où elle exerce une influence considérable. L’Arabie Saoudite est 164ème sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2015. Les autorités saoudiennes sont actuellement responsables de l’emprisonnement de huit journalistes, dont un professionnel et sept net-citoyens. Le cas le plus criant est sans aucun doute celui de Raif Badawi. Ce blogueur saoudien a reçu le prix Reporters sans frontières de la liberté de la presse en 2014. Raif Badawi est détenu depuis le 17 juin 2012 pour avoir créé un forum de discussion en ligne. Il a été condamné à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet, une peine qui a été confirmée en juin 2015 et ne peut plus faire l’objet d’appel. Après avoir reçu les 50 premiers coups de fouet en public en janvier 2015, les autorités ont déterminé que son état de santé était trop préoccupant pour continuer et les coups de fouet suivants ont été repoussés depuis lors. Même si ce diagnostique médical l’a épargné jusqu’à aujourd’hui, le fait que l’appel de sa condamnation soit impossible rend la reprise de ce châtiment barbare possible à tout moment. La situation de Raif Badawi n’est qu’un exemple de la réaction brutale de l’Arabie Saoudite à toute voix jugée trop libérale par la famille royale. Waleed Abu al-Khair, l’avocat de Raif Badawi et créateur du Saudi Monitor for Human Rights, a lui-même été arrêté en 2014 avec de vagues - et faux - chefs d’accusation : celui «de monter des organisations internationales contre le Royaume » et « de monter l’opinion publique contre les autorités. » Wajdi Al-Ghazzawi, propriétaire de la chaîne Al-Fajr TV et présentateur/chef du programme « Al-Fadfada », a été condamné à 12 ans de prison en février 2014 pour avoir accusé l’Arabie Saoudite de liens avec le terrorisme, et en particulier avec Al-Qaeda. Il a aussi fait l’objet d’une interdiction d’apparaître dans les médias et de quitter le territoire pendant 20 ans une fois sa peine purgée. Mukhlif Al-Shammari, un autre journaliste, a été condamné à 2 ans de prison et à 200 coups de fouet le 3 novembre 2014. Il a aussi été condamné en juillet 2014 à 5 ans de prison pour la diffusion d’une vidéo sur YouTube de deux jeunes filles qui racontaient de mauvais traitements subis, ainsi que pour d’autres articles écrits dans le passé. Il est resté quelques mois en prison avant d’être libéré, mais il fait toujours l’objet d’une interdiction de publier ou d’apparaître dans les médias et de quitter le territoire pendant 10 ans. Puisque le droit pénal du pays est basé sur la Sharia, tout dépend de l’interprétation des autorités. Ce qui implique que les châtiments barbares et le mauvais traitement des prisonniers sont la règle. De plus, le gouvernement se sert des lois sur la cybercriminalité et le terrorisme pour poursuivre et emprisonner les journalistes et net-citoyens, tout en contrôlant de très près les informations en ligne et les médias indépendants. Reporters sans frontières a demandé aux autorités saoudiennes à maintes reprises de libérer les journalistes et autres défenseurs des droits de l’Homme en écrivant des lettres aux membres de la famille royale saoudienne et à d’autres chefs d’Etat étrangers. Dans une lettre envoyée aux autorités saoudiennes en juillet, écrite en collaboration avec d’autres organisations de défense des droits de l’Homme, nous avons souligné notre crainte que la situation des défenseurs des droits de l’Homme détenus en Arabie Saoudite soit contraire à l’ensemble des règles de base sur le traitement des détenus de l’Organisation des Nations Unies. Nous avons alors rappelé que « toutes lois qui limitent ou restreignent de façon illégale la liberté de l’expression dans les médias traditionnels ou des réseaux sociaux » devraient être abolies. Aucune des organisations signataires de cette lettre n’a reçu une réponse de la part des autorités saoudiennes. Nous vous demandons de presser le roi sur ces questions essentielles pendant vos discussions ce vendredi. En tant que partenaire stratégique des États-Unis dans le Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite doit prendre vos préoccupations sur les droits de l’Homme au sérieux et commencer à initier des changements. L’Arabie Saoudite doit libérer immédiatement tous les journalistes en prison et lever toutes les accusations portées contre eux. Je vous remercie d’avance, Monsieur le Président, pour l’attention que vous accordez à cette lettre.
Christophe Deloire
Secrétaire général
Publié le
Updated on
20.01.2016