Le roi prend de nouvelles mesures contre la liberté de la presse

Après avoir interdit pour six mois la publication de toute information critique, le palais a rendu publique, le 7 février, une nouvelle série de directives qui interdisent notamment la publication d'articles négatifs sur les forces de sécurité, sous peine d'être arrêté ou placé en résidence surveillée. Les militaires se voient accorder le droit de surveiller et d'interdire toute communication dans le cadre de l'état d'urgence. Malgré certaines mesures de clémence qui devraient permettre à des journaux de province de reparaître, l'armée continue à imposer des mesures drastiques à la presse. Reporters sans frontières déplore la présence massive des forces de sécurité dans les rédactions et le contrôle préalable de l'information. L'organisation demande la libération des journalistes arrêtés et la fin du harcèlement des familles de ceux qui ont été obligés de se cacher pour éviter les arrestations. Ainsi, les forces de sécurité ont arrêté, le 4 février 2005, le secrétaire général de la Fédération des journalistes népalais (FNJ), Bishnu Nisthuri, à son domicile de Katmandou. Des policiers sont positionnés autour des bureaux de la FNJ dans la capitale. En revanche, le président de la FNJ, Tara Nath Dahal, et K. C. Netra, correspondant de la BBC World Service à Nepalgunj (Sud-Ouest), n'ont pas été arrêtés comme indiqué dans des rapports précédents. Mais la famille du premier serait harcelée par l'armée. Les retransmissions en FM des programmes en népalais de la BBC World Service sont toujours interdites, tandis que les émissions de la BBC en anglais sont autorisées. La chaîne de télévision privée Nepal One est toujours interdite d'émission et surveillée par des militaires. Les chaînes indiennes sont toujours inaccessibles sur le câble et le satellite. Les chaînes étrangères BBC et CNN sont autorisées, mais censurées quand elles abordent la situation au Népal. A Katmandou, la majorité des hebdomadaires indépendants ont fermé, notamment Budhabar. A Nepalgunj (Sud-Ouest), cinq quotidiens et une douzaine d'hebdomadaires ont été fermés. Un militaire a affirmé aux directeurs de publication qu'ils pourraient bientôt reparaître. A Butwal (Ouest), les rédactions ont préparé une édition pour le 8 février, après une semaine de fermeture. Des officiers de l'armée ont demandé aux journalistes de publier des informations « honorant l'esprit de la proclamation royale». A Chitawan (sud-ouest de Katmandou), les journaux devraient également reparaître le 8 février après des négociations avec les autorités militaires. La censure a éliminé toute information indépendante. Un directeur de publication népalais, cité par le quotidien The Times of India, a affirmé : « Je n'ai jamais vu une telle censure. Dans le passé, on pouvait au moins tester les limites en écrivant de manière provocante. Mais maintenant, nous avons reçu des avertissements clairs de ne rien faire contre les intérêts du régime actuel. » En revanche, les quotidiens Kantipur et Katmandou Post ont publié le 7 février un éditorial demandant au roi de restaurer la liberté de la presse. Pour pallier l'absence d'information, des inconnus ont distribué à Butwal un bulletin d'information clandestin, Jana Awaj, reprenant des articles de la BBC et de la presse indienne. Enfin, le black-out a déjà eu des conséquences sociales pour les journalistes : 28 d'entre eux auraient déjà été licenciés par la radio Kantipur FM. Des salariés des publications du groupe Kantipur pourraient également être concernés.
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Updated on 20.01.2016