Le roi Abdallah annule les 60 coups de fouet

Le 26 octobre, le porte-parole du ministère de la Culture et de l’Information, Abdul Rahman al-Hazza, a annoncé l’émission d’un décret royal par le roi Abdallah, annulant le jugement du tribunal de Jeddah condamnant la journaliste Rozanna al-Yami à soixante coups de fouet. Son dossier n’est plus de la responsabilité de la Justice, mais du ministère de la Culture et de l’Information. A l’annonce de cette décision, de nombreux journalistes ainsi qu’une princesse royale ont exprimé leur soulagement et leur solidarité avec la journaliste. Rozanna al-Yami a déclaré à la presse : « Même si j’avais accepté le jugement rendu, j’éprouvais un sentiment d’injustice. Cette peine m’insultait non seulement moi mais également tous les professionnels des médias saoudiens. La grâce royale est la plus grande des réponses aux insultes que j’ai reçues. Après la condamnation de la société, je peux relever la tête. Ma plus grande préoccupation dorénavant réside dans les menaces de mort que j’ai reçues par sms et messages électroniques. » Après avoir travaillé pour de grands médias en Arabie saoudite comme Rotana et Al-Madina, Rozanna al-Yami considère cette affaire comme close et compte poursuivre son métier de journaliste. ------------ 25.10.09 - Une journaliste condamnée à 60 coups de fouet Reporters sans frontières dénonce la condamnation, le 24 octobre 2009, de la journaliste Rozanna al-Yami à soixante coups de fouet, par le juge du tribunal de Jeddah (ouest), parce qu'elle travaille pour la télévision satellitaire LBC (Lebanese Broadcast Corporation). La chaîne avait diffusé, en juillet dernier, une émission intitulée « Lignes rouges », au cours de laquelle un Saoudien se vantait de sa vie sexuelle. Le programme avait fait scandale au sein des milieux conservateurs.

« Pourquoi ces soixante coups de fouet, alors que le juge a abandonné les charges qui pèsent à l’encontre de la journaliste ? Ce jugement est tout simplement inacceptable et archaïque. Il s'apparente plus à une décision destinée à humilier une femme qu'à rendre la justice. Par ailleurs, on peut s’interroger sur la légalité de ce jugement. Alors même qu’elle était jugée pour un problème qui concerne directement la nature de son travail, le juge n’a pas examiné le cas de Rozanna al-Yami au regard du code qui régit les médias aujourd’hui en Arabie saoudite », a déclaré l’organisation.

"C'est une punition pour tous les journalistes", a déclaré Rozanna al-Yami à l’AFP, précisant qu'elle n'envisageait pas de faire appel, redoutant une peine plus sévère.

Du fait des fonctions de la journaliste au sein de la chaîne, le juge a estimé qu'elle n'était pas directement impliquée dans le programme, suscitant la colère des milieux conservateurs.

Mais le juge, par cette condamnation, sanctionne la collaboration de la journaliste avec la chaîne LBC, dont les bureaux à Riyad et à Jeddah avaient été fermés, le 9 août dernier, sur décision du porte-parole du ministère de la Culture et de l’Information, suite à la diffusion du programme « Lignes rouges », au cours de laquelle un Saoudien décrivait de manière explicite ses aventures et pratiques sexuelles depuis l’âge de 14 ans. (Lire : http://www.rsf.org/Fermeture-des-locaux-de-LBC-pour.html). Le 7 octobre dernier, il avait été condamné à cinq ans de prison et 1 000 coups de fouet par une cour criminelle appliquant la loi islamique, qui a assimilé ses déclarations à un comportement immoral.

Reporters sans frontières rappelle que l’Arabie saoudite figure à la 163e place sur 175 dans le classement de la liberté de la presse pour 2009.
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Updated on 20.01.2016