Le régime rejette la visite du rapporteur spécial des Nations unies et poursuit sa répression contre la liberté d’expression

Alors que les autorités iraniennes ont officiellement déclaré qu’elles refuseraient la venue d’Ahmed Shaheed, rapporteur spécial chargé d’examiner la situation des droits de l’homme en Iran, nommé par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies en mai dernier, les arrestations arbitraires continuent. Quatre journalistes et net-citoyens ont été arrêtés, plusieurs autres ont été convoqués ces derniers jours. Maryam Majd, photographe sportif, et Mahnaz Mohammadi, journaliste documentaire, ont été respectivement arrêtées le 17 et 26 juin 2011 à leur domicile, lors d’une perquisition des agents du ministère des Renseignements, avant d'être transférées à la prison d’Evin. Said Mohamadi (Moghanli), collaborateur de plusieurs journaux azéris et rédacteur en chef du magazine littéraire Yashagh, a été arrêté le 8 juin dans la province d’Ardebil (nord du pays). Mansoureh Behkish, net-citoyenne et membre des « Mères du parc Laleh » et des « Mères de Khavaran », a quant à elle été arrêtée le 12 juin à Téhéran. «La situation des droits de l’homme en Iran ne cesse de se dégrader. Nous continuons d’observer des morts suspectes de prisonniers et militants, et des mauvais traitements dans les différentes prisons du pays, notamment dans les prisons d’Evin et de Raja’i Shahr. Les prisonniers de conscience sont constamment en danger, comme le confirment les nombreuses familles de détenus qui ont adressé une lettre au rapporteur spécial chargé d’examiner la situation des droits de l’homme en Iran. Reporters sans frontières somme les autorités iraniennes de collaborer sans condition avec les Nations unies et de faciliter la visite du rapporteur spécial. La communauté internationale doit obliger les autorités iraniennes à se soumettre à ses prérogatives », a déclaré Reporters sans frontières. Maryam Majd, photographe sportif et collaboratrice de plusieurs journaux, a été arrêtée à son domicile le 17 juin 2011 avant d’être transférée à la prison d’Evin. Elle devait partir le lendemain en Allemagne pour écrire un livre sur le football féminin à l’invitation de Petra Landers, membre de l’équipe nationale d’Allemagne. Le motif de cette arrestation n’a pas été divulgué. Mahnaz Mohammadi, réalisatrice et documentariste, a été arrêtée à son domicile à Téhéran, le 26 juin 2011. La jeune femme avait déjà été arrêtée le 29 juillet 2009 dans le cimetière de Behesht-e Zahra (sud de Téhéran) avec le cinéaste Jafar Panahi, avant d’être libérée le 17 août. Depuis, elle avait fait l'objet de fortes pressions, étant plusieurs fois convoquée et interrogée par les agents du ministère des Renseignements. Dans une lettre adressée au Festival de Cannes et lue en son absence par Costas-Gavras en mai dernier, elle avait évoqué son éventuelle arrestation : « Je suis une femme, je suis cinéaste, deux raisons suffisantes pour être coupable dans ce pays. » Said Mohamadi (Moghanli), rédacteur en chef du magazine littéraire Yashagh, a été arrêté le 8 juin 2011 dans la province d’Ardebil (nord du pays). Il a été transféré au département du ministère des Renseignements de la province de Tabriz. Ce journaliste avait déjà été arrêté le 10 septembre 2008 avec trois autres journalistes à Téhéran avant d’être libéré le  8 novembre 2008 suite au versement d’une caution de 50 millions de tomans (environ 45 000 euros). Mansoureh Behkish, 58 ans, qui a longtemps dénoncé les exécutions arbitraires de prisonniers politiques dans les années quatre-vingt, a été arrêtée le 12 juin à Téhéran et transférée à la section 209 de la prison d’Evin. Cette femme lutte depuis des années afin que vérité soit faite sur les exécutions des prisonniers politiques. Elle appartient à une famille dont six membres (quatre frères, une sœur et un beau-frère) ont été exécutés dans les années 80. En permanence harcelée, elle a été plusieurs fois incarcérée. Le 9 janvier 2010, elle avait été arrêtée avec trente-trois mères en deuil lors d’un rassemblement au parc Laleh, à Téhéran. Libérée le 17 mars, elle a été interdite de sortie du territoire. Mansoureh Behkish appartient également aux « Mères de  Khavaran », du nom du cimetière de Khavaran, au sud de Téhéran, tristement célèbre pour avoir servi de fausse commune aux victimes des exécutions en masse des prisonniers politiques en 1988. Les autorités iraniennes exercent une forte pression sur ces familles qui réclament justice et organisent des commémorations. Mansoureh Behkish a écrit plusieurs articles sur différents sites Internet sur leur situation, les cérémonies organisées et la répression contre les familles des victimes.
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Updated on 20.01.2016