Le rédacteur en chef d'Umuseso remis en liberté après la présentation de témoignages le disculpant

Reporters sans frontières a appris avec soulagement la libération de Gérard M. Manzi, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé Umuseso, le 29 août 2007, après la présentation par son avocat de témoignages confirmant son alibi dans une affaire de mœurs dans laquelle la police avait tenté de l'impliquer. Remis en liberté après huit jours de détention, le journaliste doit rester à la disposition de la police. --------------------- 28.08.2007 - Le rédacteur en chef d'Umuseso détenu depuis une semaine pour une affaire de mœurs incohérente Reporters sans frontières souhaite des explications sur l'arrestation et le maintien en détention, depuis le 22 août 2007, de Gérard M. Manzi, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé rwandais Umuseso, accusé de viol par une jeune fille inconnue alors qu'il dispose d'un alibi confirmé par de nombreux témoins. "Les accusations portées contre Gérard Manzi sont suffisamment invraisemblables pour penser que le journaliste est tombé dans un piège. Or, celui-ci est en détention depuis une semaine, sans avoir été confronté à la plaignante ni eu accès à son procès-verbal d'audition. Les règles élémentaires de la justice exigent au moins que l'accusé puisse se défendre, ce qui n'est manifestement pas le cas", a déclaré l'organisation. Gérard Manzi a été arrêté à une station d'autobus par des policiers et des agents de la société de sécurité privée Agespro, le 22 août peu après 22 heures. Le journaliste rentrait chez lui après avoir bu un verre avec des amis au bar Arada, à Kacyiru, une commune de Kigali. Il se trouvait en compagnie d'une jeune fille mineure qu'il s'était inquiété de rencontrer, seule en pleine nuit, quelques instants plus tôt. Conduit au commissariat de police de Remera, Gérard Manzi a été interrogé le lendemain matin et accusé de viol. Niant l'accusation et demandant à être confronté à la jeune fille, le journaliste s'est vu opposer une fin de non-recevoir, la police prétextant avoir perdu la trace de la victime. La police accuse le journaliste d'avoir passé la journée avec la jeune fille, qui ferait prétendument partie de sa famille. Or, Gérard Manzi a passé l'après-midi au stade Amahoro, où il avait été dépêché pour couvrir un match de football, en présence de nombreux témoins. De plus, le journaliste nie avoir un quelconque lien de parenté avec la jeune fille, qu'il affirme n'avoir jamais vue. Enfin, la police n'a pas encore entendu les témoins qui attestent que Gérard Manzi a passé la journée au stade et la soirée dans un bar. Son avocat entend déposer au parquet, dans la journée du 28 août, des attestations le disculpant et se dit "confiant" dans sa prochaine remise en liberté. "Ce sont des accusations montées de toutes pièces. Après avoir échoué à nous faire taire en nous attaquant pour nos articles, le gouvernement cherche à nous discréditer en nous faisant tomber l'un après l'autre dans des affaires de droit commun", a déclaré Charles Kabonero, directeur de publication d'Umuseso, interrogé par Reporters sans frontières. L'hebdomadaire, connu pour son indépendance et sa liberté éditoriale, est l'une des rares publications indépendantes du Rwanda. A ce titre, le journal et son personnel ont régulièrement subi les pressions du pouvoir, qui a multiplié les intimidations et les procès, poussant de nombreux journalistes à prendre le chemin de l'exil.
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Updated on 20.01.2016