Le rédacteur en chef du Standard libéré sous caution après 24 heures de détention
Organisation :
Reporters sans frontières salue la relaxe du rédacteur en chef de l'hebdomadaire The Standard, Nevanji Madanhire, détenu pendant près de vingt-quatre heures au commissariat Rhodesville de Harare.
Le magistrat Don Ndirowei, qui a permis sa libération contre une caution de cent dollars US, a également ordonné une enquête sur les abus de pouvoir commis par les forces de police qui avaient tendance à procéder à des arrestations arbitraires.
Pour l’avocat de Nevanji Madanhire, Chris Mhike, la détention prolongée de son client est une atteinte au droit élémentaire. « Il semble que les heures noires des violations des droits de l’homme soient de retour. Je presse la justice à mener des investigations », a-t-il déclaré. Reporters sans frontières se joint à ses propos et demande expressément aux autorités de rappeler à l’ordre les forces de police.
---------------------------------------------------------------
01-12-10- Un journaliste du Standard arrêté à Harare, des postes de radio confisqués par la police dans les campagnes- Reporters sans frontières s’inquiète de la détention, depuis le 30 novembre 2010, du rédacteur en chef de l'hebdomadaire The Standard, Nevanji Madanhire. L’organisation demande sa libération immédiate.
Reporters sans frontières condamne les méthodes d’intimidation des forces de police et dénonce le climat de peur qu'elles font peser, depuis quelques semaines maintenant, sur les journalistes zimbabwéens. A l'approche des élections prévues en 2011 et alors que le président Robert Mugabe ne cache pas sa volonté de mettre un terme au gouvernement de coalition, nous regrettons que la liberté d’opinion soit muselée.
Un mandat d’arrêt avait été prononcé contre Nevanji Madanhire alors que l’un de ses journalistes, Nqobani Ndlovu, était incarcéré à la prison de Khami où il a passé neuf jours, jusqu’au 26 novembre. Reporters sans frontières avait déjà dénoncé cette première arrestation qui faisait suite à la publication d’un article mettant en cause la probité des forces de l’ordre. Nous nous inquiétons qu’un autre membre du Standard soit sous le coup d’une arrestation.
Le 29 novembre, les autorités s’étaient présentées devant les bureaux d’Alpha Media Holdings, groupe de presse auquel appartient The Standard, et avaient exigé de rencontrer Nevanji Madanhire, alors absent.
Vivant depuis une dizaine de jours dans la clandestinité, Nevanji Madanhire s’est rendu, le 30 novembre, aux forces de police en compagnie de son avocat. Il est actuellement détenu au commissariat Rhodesville de Harare où il est interrogé par des inspecteurs de la section « Law and Order » du CID (Central Intelligence Department).
Reporters sans frontières a également appris que les forces de l’ordre confisquent, depuis quelque temps, en zone rurale, des postes de radio à ondes courtes à des habitants surpris en train d’écouter des programmes diffusés par des journalistes en exil. L’organisation condamne fermement ces opérations de censure et de répression des libertés individuelles. Nous demandons qu’elles cessent immédiatement et que les postes confisqués soient restitués à leur propriétaires.
Des postes de radio à ondes courtes avaient récemment été distribués aux villageois par des ONG afin de leur permettre de capter des stations radiophoniques alternatives, diffusant depuis l'étranger. Studio 7, Radio VOP (Voice of the people) et Shortwave Radio Africa sont écoutées par près d’un million d’auditeurs et sont respectivement diffusées depuis Washington, l’Afrique du Sud et Londres. Studio 7 a contribué à la distribution des postes de radio à ondes courtes dans les campagnes afin de permettre à la population rurale d’obtenir une information autre que celle diffusée par la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), proche du pouvoir.
Le 25 novembre dernier, à Bikita West, dans la province de Masvingo, cinq foyers ont été perquisitionnés et leurs radios confisquées. Deux militants du parti Movement for Democratic Change (MDC), Norbert Chinyike et Charles Mhizha, ont été arrêtés après que des postes de radio ont été trouvés en leur possession. Ils ont tous deux été relâchés sans qu’aucune charge soit retenue contre eux.
Peu de temps auparavant, une perquisition a également été menée dans les bureaux de l'ONG Democratic Councils Forum à Gweru, dont l’employé a été arrêté par les forces de police après qu’elles ont découvert des postes de radio destinés à être distribués dans les campagnes.
Jastone Mazhale, président du groupe de pression Gwanda Agenda, a déclaré que la police avait inspecté ses bureaux et l'avait interrogé sur les radios en question. Les policiers ont, selon lui, affirmé agir sur les ordres du quartier général de la police à Harare.
Le 27 octobre 2010, les forces de police de Mashonaland East ont confisqué des radios distribuées aux villageois par des ONG militant pour la libéralisation des ondes.
Un représentant de l’organisation de défense des droits de l’homme ZimRights a déclaré que des officiers de police, accompagnés de membres de la Central Intelligence Organisation (CIO), se sont rendus dans le district de Murehwa et ont menacé les villageois trouvés en possession des radios distribuées par les ONG avant de procéder à leur confiscation.
Le porte-parole national de la police, Wayne Bvudzijena, a affirmé ne pas être au courant de tels incidents, mais a promis de mener des recherches.
"Reporters sans frontières dénonce cette campagne de censure à grande échelle dans les zones rurales du pays, où l’accès à l’information est déjà réduit, et où les autorités cherchent de façon délibérée à maintenir un état de pauvreté médiatique. Ces mesures ne visent qu'à limiter l'accès de la population à l’information libre et à empêcher que les opinions émises par les médias liés au pouvoir ne soient confrontées à celles des médias indépendants ou d’opposition. C’est une atteinte à la pluralité de la presse", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation.
Photo : Philimon Bulawayo/Reuters
Publié le
Updated on
20.01.2016