Le rédacteur en chef de Taraf risque jusqu'à 5 ans de prison
Organisation :
Reporters sans frontières apporte son soutien à Adnan Demir, directeur de la rédaction du quotidien libéral Taraf, mis en examen pour avoir publié des informations militaires confidentielles. L'organisation espère que la justice turque saura faire la part des choses face à un journaliste qui a exercé son métier avec professionnalisme.
"Adnan Demir a dévoilé des informations qui éclairent avec intérêt l'action de l'armée turque et soulèvent plusieurs questions sur ses éventuels dysfonctionnements. La population a le droit d'être informée sur les circonstances dans lesquelles ses concitoyens risquent leurs vies. Nous saluons le courage du journaliste et nous espérons que les magistrats feront preuve de clémence. Même si l'information révélée est compromettante pour l'armée, le journaliste n'est pas responsable de la réalité qu'il a mise au jour", a déclaré l'organisation de défense de la presse .
Le 6 janvier 2009, le procureur de la cour d'assises d'Istanbul a requis de trois à cinq ans de prison contre Adnan Demir. En octobre 2008, le journal avait publié une série d'articles sur l'attaque du 3 octobre, perpétrée et revendiquée par le Parti des travailleurs kurdes (PKK), à la frontière turco-iranienne. Cette offensive avait coûté la vie à quinze soldats turcs, pour la plupart des jeunes appelés. Le journaliste est accusé d'avoir publié des informations militaires confidentielles mettant en cause le rôle de l'armée turque dans cette attaque.
À la suite de l'attaque du 4 octobre 2008, le quotidien avait affirmé que l'armée avait eu connaissance, un mois avant l'assaut, des déplacements d'un groupe de rebelles à travers les montagnes du nord de l'Irak en direction de la frontière turque. Taraf avait aussi évoqué l'existence d'un rapport de la gendarmerie, prévenant cinq jours avant l'offensive du PKK que les rebelles transportaient des pièces d'artillerie anti-aérienne.
Adnan Demir encourt jusqu'à cinq de prison pour “divulgation d'informations secrètes et interdites”, selon l'article 336 du code pénal turc. Le procès doit se tenir dans les prochains jours. En juillet 2008, le journal craignait une perquisition policière qui n'a finalement pas eu lieu. Le procureur de l'état major des Armées avait alors menacé le quotidien de saisir un document confidentiel appartenant à l'armée. Ce document concernait aussi la connaissance par les services de renseignements de l'État d'une attaque imminente du PKK sur les positions de l'armée turque. Celle- ci s'était traduite, le 21 octobre 2007, par un bilan de treize morts et huit enlèvements pour les forces turques.
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Updated on
20.01.2016