Le Quotidien autorisé à reparaître

Le Conseil national de la communication (CNC), organe de régulation de la presse guinéenne, a décidé, le 8 décembre, de lever la suspension du journal Le Quotidien qui avait été sanctionné pour « une durée illimitée ». La rédaction affronte des difficultés d'ordre matériel, liées aux préjudices financiers causés par trois semaines de non-parution. « Nous nous réjouissons de cette décision, bien qu'elle intervienne tardivement, a déclaré Reporters sans frontières. Nous maintenons que le directeur de publication et auteur de l'article incriminé, Siaka Kouyaté, n'avait enfreint aucune des règles de la déontologie journalistique et que le journal ne méritait en aucun cas de subir une telle sanction. Le Quotidien doit pouvoir reparaître sans délai. Nous souhaitons notamment qu'aucune nouvelle entrave ne vienne contrarier la réalisation, l'impression et la distribution du journal », a conclu l'organisation. Suite aux interventions des organisations internationales, les appels téléphoniques menaçants adressés à Siaka Kouyaté avaient cessé, quelques jours après la suspension. Sans réponse du CNC, Siaka Kouyaté et toute la rédaction du Quotidien se sont trouvés dans une situation très pénible, condamnant des familles entières à de graves difficultés financières. ------------------ 22.11.2004 Une semaine de silence et d'intimidation pour l'unique quotidien privé du pays Le journal privé Le Quotidien ne paraît plus depuis maintenant une semaine. Le 13 novembre, le CNC a décidé de le suspendre pour « une durée illimitée », suite à un article intitulé « Le pays va mal… A quand le soulèvement ? » Depuis, son directeur de publication, Siaka Kouyaté, reçoit des appels téléphoniques intimidants. « La suspension du Quotidien est clairement abusive, a déclaré Reporters sans frontières. Une mesure aussi radicale se place au sommet de la pyramide des sanctions, alors qu'aucun avertissement n'a été signifié au préalable. La tournure que prend cette affaire semble démontrer une volonté de terroriser M. Kouyaté et son équipe pour les réduire définitivement au silence. L'article incriminé ne justifie pas un tel acharnement. » « Après lecture de l'article, nous constatons que les écrits de Siaka Kouyaté ne contreviennent en aucun cas aux lois en vigueur en Guinée, ni ne nuisent à 'la paix, la quiétude et la démocratie', comme veut le faire croire le CNC. Le journal doit paraître à nouveau au plus vite, de manière à sauvegarder la pluralité de l'information dans le pays », a ajouté l'organisation. Le 7 novembre, la une du Quotidien apportait à ses lecteurs une analyse de la situation socio-économique et politique du pays, faisant état de sa mauvaise santé, un « aveu national ». Selon l'article, « tout le monde sait qu'à une telle situation, il n'y a qu'une seule issue, le soulèvement. Et tout le monde, en toute logique, semble attendre que le Président, le tout premier, en donne le signal. » L'article définissait ce soulèvement comme une « révolte contre nos mauvaise pratiques, nos mauvais réflexes et nos mauvais choix » et parlait sans équivoque d'un nécessaire « sursaut national ». « Ses populations attendent que, du chef qu'elles se sont donné, vienne le signal de la violence, cette violence positive que se font toutes les grandes nations quand l'exige l'instant historique. » Le week-end du 7 et du 8 novembre, c'est donc par un communiqué du CNC diffusé à la radio et la télévision nationale que Siaka Kouyaté a appris la fermeture de son journal. Le CNC a déclaré juger « très nocif et tendancieux » cet éditorial, considérant qu'il constitue une violation des règles d'éthique et de déontologie, et refusant que les médias guinéens « se transforment en officines subtiles et inavouées de racisme ou de haine ». Depuis sa visite au siège du CNC où sa tentative d'explication s'est heurtée à une fin de non-recevoir, Siaka Kouyaté a déclaré à Reporters sans frontières recevoir « des appels téléphoniques venant soit de la Direction de la surveillance du territoire, soit d'anonymes, dont le ton menaçant illustre un désir manifeste d'intimidation ».
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Updated on 20.01.2016