Reporters sans frontières est sidérée par la décision du procureur du Faso de ne pas rouvrir l'enquête sur l'assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo et de trois de ses compagnons, sous prétexte que le document qui lui a été remis par l'organisation, le 20 octobre 2006, ne constitue pas un élément nouveau.
Reporters sans frontières est sidérée par la décision du procureur du Faso de ne pas rouvrir l'enquête sur l'assassinat, le 13 décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo et de trois de ses compagnons, sous prétexte que le document qui lui a été remis par l'organisation, le 20 octobre 2006, ne constitue pas un élément nouveau tel que défini dans l'article 189 du code de procédure pénale. Le 21 octobre, Adama Sagnon, procureur du Faso, a annoncé lors d'une conférence de presse que "le rapport de la CEI n'apporte rien de nouveau à l'affaire". Le procureur général Abdoulaye Barry a pour sa part estimé qu'il s'agit "d'éléments déjà connus".
"Huit ans d'instruction pour finalement rendre un non-lieu, et une nuit pour décider de ne pas rouvrir l'enquête : la justice burkinabé fonctionne décidément de manière étrange. La décision éclair du procureur n'est manifestement pas le fruit d'un examen sérieux, mais relève davantage d'une riposte rapide et maladroite, à forte teneur politique", a déclaré Reporters sans frontières.
"La lecture du code de procédure pénale par le parquet est pour le moins étonnante et partiale. Les informations contenues dans le document que nous avons remis au Procureur du Faso prouvent que François Compaoré et Oumarou Kanazoé ont menti à la Commission d'enquête indépendante (CEI) nommée après l'assassinat du journaliste. Elles montrent que les affaires David Ouédraogo et Norbert Zongo sont intimement liées. Elles révèlent comment et pourquoi l'homme d'affaires et Dramane Yaméogo, procureur du Faso à l'époque, ont tenté de faire taire le journaliste avant son assassinat. Or, à ce jour, rien n'indique qu'un travail d'investigation sérieux a été effectué pour faire la lumière sur ces informations. Dans ces conditions, nous maintenons qu'elles sont susceptibles de 'fortifier les charges qui auraient été trouvées trop faibles' ou de 'donner aux faits de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité'", a ajouté l'organisation.
Le 20 octobre 2006, Reporters sans frontières avait remis au procureur du Faso la première version du rapport de la CEI, avant qu'elle ne soit édulcorée sous la pression de deux de ses membres, représentant le gouvernement. Certains passages du texte, détaillant les contradictions de François Compaoré dans sa déposition et le rôle joué par Oumarou Kanazoé pour tenter de faire taire Norbert Zongo, avaient été purement et simplement supprimés. Les conclusions de la CEI y étaient beaucoup plus affirmatives et circontanciées sur le sujet, mettant plus précisément en cause les "six principaux suspects" désignés par la CEI, tous membres de la garde présidentielle.
Après le non-lieu rendu en juillet 2006 par le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo en faveur du principal suspect, l'adjudant Marcel Kafando, seules des "charges nouvelles" susceptibles de "fortifier les charges qui auraient été trouvées trop faibles" ou de "donner aux faits de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité" permettaient de rouvrir l'enquête, selon l'article 189 du code de procédure pénale.